témoignages sur la vie de nos ancêtres Options

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la vie de nos ancêtres

Subject: [gennpdc] [div] LILLE : vie de nos ancêtres
From: "agumonttextiles" <..>
Date: Thu, 13 Nov 2003 13:00:54 +0100

Ci-dessous pour les amateurs de récits, quelques lignes de la main de ma grand mère Marie-Paule
BARROIS.

Quand j'avais sept ans (1898), les troupeaux de chèvres passaient souvent dans les rues de
Lille, et dans la rue du Faubourg de Roubaix ; le gardien les trayait dans la rue, et vendait le
lait à ceux qui lui apportaient ou leurs verres ou leurs pots. Il s'annonçait en jouant du fifre …
J'ai encore dans l'oreille le son de ces quelques notes aiguës, toujours les mêmes, et je sens
sur ma langue la saveur un peu âcre, très spéciale du lait de ses bêtes…
Je me remémore aussi les troupeaux de vaches et de moutons qui tous les mercredis venaient de
Rouges-Barres, de Mons-en-Baroeul, des campagnes environnantes, descendaient la rue du Faubourg de
Roubaix en direction de l'octroi, et avant de franchir la porte de Roubaix (près des fortifications)
les douaniers les marquaient d'une croix rouge ou bleue, puis ils continuaient leur route en
direction de l'abattoir, bêlants, sautants, pourchassés par les chiens, et les coups de lanières.
Le mercredi était aussi le jour du marché aux chevaux, rue Nationale, une place leur étaient
réservée, elle était entourée de bornes, auxquelles on les attachait, et qui étaient reliées entre
elles par de grosses chaînes de fer. Elle s'est appelée longtemps "Place du marché aux chevaux" …
Les maquignons y présentaient les chevaux aux amateurs, et comme démonstration les faisaient courir
le long de la chaussée dans la rue Nationale en les tenant par la bride. Les bêtes ruaient,
caracolaient, tandis que les acheteurs les examinaient sans souci des passants, dans une rue où la
circulation était bien différente de ce qu'elle est devenue. On y voyait quelques attelages, des
fiacres ou des voitures de location, un tramway sur des rails, quelques bicyclettes.
Temps, coutumes révolus, ainsi que celui des "vendeurs d'eau". On commandait un bain ! Les
porteurs apportaient l'eau chaude, la montaient même, si c'était nécessaire, seau par seau,
emplissaient une grande cuve dans laquelle tous les membres de la famille se baignaient
successivement. Les porteurs reprenaient l'eau sale.
Un luxe était de posséder une baignoire sabot, je me souviens que bonne maman gardait dans son
grenier celle de mon grand père. Elle était en galvanisé et avait un intérieur marron, elle avait
été remplacée par une autre en zinc, lors d'un déménagement....


From: "Pierre Piquart" <pierre.piquart[at]c...>
Date: Sat, 15 Nov 2003 10:36:19 +0100


Pour ceux que l'histoire locale intéresse (Extrait de la vie d'un paysan ardennais) :

Il y avait des boutiques qui étaient terriblement petites et parfois l'on travaillait là-dedans à 7-8 presque sans lumière. Parfois l'on se cognait au plafond et il y avait parfois une petite lucarne dans un coin pour donner de l'air. Quand le vent était mal placé, la fumée revenait par la cheminée dans la boutique et il y avait parfois une chaleur épouvantable.

Les chiens mordaient parfois les jambes et souvent il y avait des puces. J'en ramassais bien ma part. Enfin on n'y pensait pas.

Presque tous les ouvriers ne se lavaient qu'une fois par semaine. Dans quel état ils étaient parfois ! Ils avaient les yeux enflammés.

Les tasses ou écuelles pour manger, les fourchettes ou cuillères n'étaient jamais lavées et on les mettait sur une planche avec un centimètre de crasse ou (« faigine »). J'ai vu des tasses aussi noires que le charbon. Il n'y avait pas d'essuie-mains. Pour mettre le pain, on le posait aussi bien sur la niche du chien ou bien il tombait à terre et on le ramassait en l'essuyant avec la manche de son paletot qui était encore plus noire.