Le sergeant d'Hendecourt, Ayette Options

[ddantigny]

Bonsoir à tous,
A la veille de la révolution française, Ayette était le fief de la famille DE LATTRE. Le Château, la ferme seigneuriale et une partie des terres ont été notamment rachetés par Jacques (Charles) Michel CACHE, Cultivateur fort probablement implanté à Ayette par Le Comte DE LATTRE. avant son émigration en Angleterre...
Dans le cadre de mes recherches, j'ai constaté qu'après le retour du Comte à Ayette , sa mort en 1811 et celle de sa femme en 1818, LE SERGEANT VAAST D'HENDECOURT, devient propriétaire de ses biens (pourtant vendus en 1793).
Auriez-vous dans vos travaux trouvés quelconque information qui pourrait se joindre à ce sujet ? Je n'ai trouvé aucun lien familial direct entre ces familles.
Un grand merci à tous.
David

[jvasseur]

Bonjour David,


Le 6 floréal an X, Bonaparte, dans son sénatus-consulte, déclara que les émigrés rentreraient en possession de leurs biens qui étaient encore entre les mains de la nation, à l’exception des forêts et des immeubles affectés à un service public ; quant à ceux achetés jusqu’à ce jour comme biens nationaux, leurs acquéreurs devaient en rester propriétaires sans être inquiétés.

Au moment de la seconde Restauration de 1815,commence le retour définitif des émigrés. Ceux-ci exigent la restitution de leurs biens, confisqués lors de la Révolution. Louis XVIII s'y refuse, mais, dès le début de son règne, Charles X règle la question des biens nationaux le 23 mars 1825 au travers de la « loi du milliard aux émigrés » : celle-ci prévoit une somme légèrement inférieure à un milliard de francs, qui doit être partagée entre cinquante mille nobles en l'espace de cinq ans.

Quelques particuliers qui avaient racheté les biens des nobles au moment de Révolution française les leur revendent à leur retour.
C'est peut-être le cas de Jacques Michel CAUCHE qui a pu remettre la famille DELATTRE D'AYETTE en possession de ses biens... et celle-ci les vendre par la suite à Charles Vaast LE SERGENT D'HENDECOURT.

Il faudrait consulter le fonds notarié d'Artois aux AD du Pas-de-Calais.
Reste à voir si les actes ont été enregistrés au sein d'une étude notariale d'Arras ou de celle plus proche de Bucquoy (Fonds 4 E 51/1 - 47 - Bucquoy. Étude n° 51.)


Par ailleurs, la loi du 27 avril 1825 (dite loi "du milliard aux émigrés") permet aux nobles spoliés de prétendre à une indemnité.
758 dossiers (4 mètres linéaires) abritant titres, actes d'instruction et décision finale ont été conservés aux archives départementales du Pas-de-Calais.

En ce qui concerne les décomptes des acquéreurs et indemnités aux émigrés, il existe un répertoire numérique dactylographié par J.-M. Dissaux et S. Lefebvre, 2006.
Complété par un index manuscrit des émigrés bénéficiaires (anonyme) [XIXe siècle].

Voir en tout état de cause ---- Liquidations de 1828 ----
Ministère des Finances - États détaillés des liquidations faites pendant l'année 1828, par la Commission d'indemnité, en exécution de la loi du 27 avril 1825 ..., Volume 4 - pages 574 - 620 - 626


Voir par ailleurs
1 Q 589 AYETTE. Biens de Charles-Antoine-Théodore de Lattre, seigneur d'Ayette et de Douchy, émigré : château et terres. an II-an III
1 Q 679 - M. de LATTRE : château d'Ayette. (a vente de meubles)

Cordialement,
Joël

Ce message a été modifié par jvasseur - 03/07/2019 à 00:30.

[pflahaut]

Bonsoir,

d'autres refs

AD62 DOMAINES NATIONAUX - District de Saint-Omer - 1 Q 1702 - 2056 - Par Pascale Bréemersch - documentaliste - Arras 1993

1 Q 2009 Canton de Seninghem. -BAYENGHEM-LES-SENINGHEM. Biens de l'émigré de Lattre de Neuville : maison et terres. - an III
1 Q 2026 Canton de Seninghem. -BAYENGHEM-LESSENINGHEM. Biens de l'émigré de Lattre de Neuville. 1792- an II
1 Q 2044 ...-Antoine-Charles-Théodore de LATTRE DE NEUVILLE, émigré : châteaux de Bléquin et Renty 1792- an III
1 Q 1946 RENTY. -Biens de Charles Antoine Théodore de Lattre d'Ayette, comte de Neuville, émigré : château, ferme et terres (Concerne aussi des biens situés à Verchocq) an II- an III
1 Q 1967 BAYENGHEM-LES-SENINGHEM. Biens de Théodore-Charles-Antoine de Lattre de Neuville, émigré : ferme et terres (Concerne aussi des biens situés à Seninghem, Affringues et Lumbres) - an III
1 Q 1972 SENINGHEM. Biens de Marie-Isabelle-Guislaine de La Tour Saint-Quentin, épouse de Théodore-Charles-Antoine de Lattre de Neuville, émigrée : moulins et terres (Concerne aussi des biens situés à Lumbres et Bayenghem-lès-Seninghem) an III- an IV
1 Q 1989 NORTLEULINGHEM. Biens de Théodore-Charles-Antoine de Lattre d'Ayette, comte de Neuville, émigré : ferme et terres (Concerne aussi des biens situés à Tournehem, Nordausques et Bayenghem-lèsEperlecques) an II- an III
1 Q 1993 BLEQUIN. Biens de Marie-Isabelle-Guislaine de La Tour Saint-Quentin, épouse de Charles-Antoine de Lattre de Neuville, émigrés, demeurant à Ayette : ferme et terres. an II- an III
1 Q 2006 Canton de Fauquembergues. -RENTY. Biens de l'émigré de Lattre de Neuville : château et terres an II- an III

Jamais entendu parler du patronyme CACHE/CAUCHE à Ayette (1737 à nos jours ...)
et restait plus grand chose du château d'Ayette sur Cadastre Napoléonien 1811 Ayette ... (cf AD62 en ligne)

Cdlt, Patrice

Ce message a été modifié par pflahaut - 02/07/2019 à 22:56.

[ddantigny]

Joël, Patrice, merci.
Merci pour toutes ces références.Malheureusement, je les ai parcourues, sans résultats sauf les actes notariés que je compte aller dépouiller demain.
J'ai aussi été surpris du patronyme CACHE sur Ayette. Mais c'est bien lui qui rachète. Il est dit cultivateur et bénéficiant d'un bail sur des terres du Comte dont il reste 3 ans au moment de la vente. D'ailleurs, il deviendra agent municipal à Ayette l'année suivante. Il semble qu'il soit originaire de la région de Ardres, comme d'ailleurs, et c'est une coïncidence à relever en considérant plus largement le Boulonnais, bien des employés du Comte. Un autre CACHE dit prêtre du diocèse de Boulogne a célébré deux événements sur Ayette lorsque le Comte été encore présent. Il était dit domicilié à Ayette.
Le nom n'apparaît pas dans les rôles d'imposition de 1769 ni dans aucun acte d'état civil antérieur à 1793, sauf erreur de ma part.
Quant aux documents d'adjudication , de vente et d'achat, ils ne donnent aucune information complémentaire sur l'identité de Michel CACHE.
Enfin LE SERGEANT semble avoir pris possession du château, de la ferme et des terres avant 1820. Ses héritiers les vendront à la famille DE BOUTEVILLE. Deux générations plus tard, ces biens sont légués à la famille DESMOUTIERS qui vendra la quasi-totalité de ceux-ci au début du 20ème siècle.
Avant guerre il y avait sur le mur extérieur de l'église une pierre où il était inscrit le nom de LE SERGEANT D'HENDECOURT, bienfaiteur......
Paradoxalement, on raconte que c'est ce dernier qui aurait fait détruire le château ( peu de temps après son acquisition donc). C'est bien dommage que peu de pièces nous soient restées de cette période.
En espérant que les actes notariés me fournissent le lien manquant.
Merci encore.

[ddantigny]

Concernant le château, les informations sont paradoxales.
1786. : Un des plus beaux châteaux d'Artois
Début 1793 : château en bonne état, solide...
Milieu 1793 : château tombant en ruine
1807 : château d'une grande beauté
....
Sur le cadastre de 1811, on devine encore très bien les ailes saillantes du bâtiment, la boulangerie, le pigeonnier, l'écurie, les deux bâtiments d'habitation de la ferme et les bâtiments agricoles. On voit moins la mare et le dessin des jardins, la remise à voiture a disparu tout comme l'église d'ailleurs qui avait été rachetée par une dame de Bucquoy en 1793. Rasée avant 1804, comme bien d'autres, En outre, ce n'est notamment qu'avec un leg de terres au décès de la Comtesse en 1818, que l'église pourra être reconstruite.
De nos jours, il ne reste du château qu'un bout de mur qui se trouve dans la cour de l'ancien presbytère. Mur qui entourait le jardin de Madame, car tel était son nom; en ces temps où le presbytère se situait plus haut, après l'église et le cimetière.

[jvasseur]

Bonjour David,



Peut-être trouverez-vous quelques éléments de réponse dans le journal de Marie Thérèse Julie DE GANTES rédigé en 1836 et conservé sous forme de photographies aux AD 62 (microfilms).


Je l'ai consulté voici maintenant plus de 30 ans et si ma mémoire ne me fait pas défaut, Julie de GANTES (fille de François Ignace Marie DE GANTES, sgr d'Abnlainsevelle) évoque dans l'un des chapitres les débuts de la Révolution à Ablainzevelle ainsi que différentes familles vivant aux alentours. Celle de NEUVILLE est peut-être mentionnée. A voir...

Elle indique notamment que nombre de biens furent restitués à certains émigrés lors de leur retour en France. Ils avaient été achetés par les fermiers locaux et restitués par la suite.

Tous n'eurent pas cette chance, notamment son père qui dut ester en justice contre DEWACQUEZ, son homme d'affaires. (Fonds BARBIER & Série 3U)


Attention... A l'époque, il fallait obtenir l'autorisation préalable du propriétaire du manuscrit avant de pouvoir consulter le document. L'une des conditions était de déclarer l'objet de la consultation... Et la seconde de s'engager à ne rien publier sans avoir montré au préalable le contenu de la publication au propriétaire. Je ne sais s'il y a toujours les mêmes contraintes.


En ce qui concerne le château, une notice publiée dans l'Annuaire statistique et administratif du département du Pas-de-Calais de 1847 (page 174) précise que le château d'Ayette est détruit depuis seulement 18 ans. (soit 1829) ---- Ayette ----

Cordialement,
Joël

[pflahaut]

Bonjour à tous,

J'ai aussi été surpris du patronyme CACHE sur Ayette. Il est dit cultivateur et bénéficiant d'un bail sur des terres du Comte dont il reste 3 ans au moment de la vente. D'ailleurs, il deviendra agent municipal à Ayette l'année suivante. Il semble qu'il soit originaire de la région de Ardres, comme d'ailleurs, et c'est une coïncidence à relever en considérant plus largement le Boulonnais, bien des employés du Comte. Un autre CACHE dit prêtre du diocèse de Boulogne a célébré deux événements sur Ayette lorsque le Comte été encore présent. Il était dit domicilié à Ayette.

Par curiosité , il y a un (hasard, coïncidence, ou rien à voir ...)
Jacques Michel CACHE °10.8.1756 Audrehem (sud de Ardres), vue 424/1583
fils de Michel CACHE greffier d'Audrehem x1751 Audrehem Marie Jeanne BODART,
petit-fils de Michel CACHE charpentier x1711 Audrehem Marguerite CLIPET (et +Landrethum-les-Ardres)

La Contesse de la TOUR disposait de biens (aussi vendus à la révolution) dans le secteur.
Sauf mauvaise lecture, on ne trouve plus trace de la famille CACHE sur Audrehem dans les TD et recensement par la suite (migration ?)

Cordialement,
Patrice

[ddantigny]

Bonsoir à tous,
Merci Patrice, cela a été ma première action : généalogie de la famille CACHE. Résultat pas d'autres traces que celle citée pour Jacques Michel. Quant à Mr CACHE prêtre du diocèse de Boulogne, dont le lien familial est induit avec le précédent, j'ai retrouvé sa trace dans un chartrier ardrésien sur lequel je travail actuellement dans l'espoir de suppléments d'informations civiles et généalogiques.
Un détail intéressant est que Jacques Michel a déboursé près d'un million cinq pour racheter le château, la ferme seigneuriale et les terres attenantes. Pour un "petit" cultivateur inconnu à Ayette avant la révolution, c'est une somme d'argent plus que considérable. Enfin, dans l'acte d'achat du château, il réalise cette acquisition avec Mr De La Fontaine demeurant à Abbeville. Après recherches, j'ai découvert que ce dernier n'était autre que Marie Hubert De La Fontaine Solar, beau-fils de l'une des filles du Comte d'Ayette.
Joseph Le Bon dans une de ses lettres écrit quelque chose comme cela:"je ne suis pas financier mais tout de même, il y a de l'incohérence dans les finances du comte d'Ayette et du comte de Béthune. J'ai donc envoyé des 89, fouiller le château d'Ayette". C'est d'ailleurs selon moi l'origine du mythe du trésor caché du comte d'Ayette, qui serait revenu gâteux de son séjour en Angleterre et aurait oublié où était caché son trésor. L'argent était en lieu sûr.
La famille CACHE n'était pas fortunée à ce point. On peut alors supposer bien des choses.
Enfin, merci Joël, je ne connaissais pas ses mémoires de Mme De Gantès.Fait remarquable, dans les documents communaux relatifs à l'élaboration du cadastre napoléonien, la commune d'Ayette fait part de différents avec ce même Mr Dewacquez pour différentes terres et leur imposition. Comme le monde est petit...
En ce qui concerne la date de destruction du château, bien qu'approximative, elle donne une période de référence fiable : entre 1825 et 1830, je n'ai trouvé aucune trace aux archives à ce sujet. Il est fort probable que je n'ai pas cherché au bon endroit. On raconte que c'est Mr le Sergeant d'Hendecourt qui aurait fait mettre le feu au château et que les habitants, bien tristes, auraient pleuré. On notera le paradoxe avec l'épigraphie " bienfaiteur...". Autant que pour le moment, je ne sais rien des événements qui ont amené à cette destruction. Encore en 1818, le château était indiqué beau et en bon état. Seul le manège du feu Comte avait été démonté. C'est d'ailleurs la charpente de celui-ci, offert par la Comtesse, qui servit en partie à la reconstruction de l'église en 1818.
L'incendie était-il réellement volontaire? Je reste sceptique. D'où l'intérêt de comprendre par quel biais Le Sergeant a pris possession du château, de la ferme et des terres après la mort de la Comtesse et plus certainement après avril 1820. J'ai constaté que la comtesse travaillait avec deux notaires pour ses biens ayettois, et plus particulièrement avec Me Nicolas Prévost à Bucquoy. Malheureusement, pour le moment, pas de traces de vente ou d'achat par Le Sergeant vaast d'Hendedourt, pas de chance...

De toute manière, si les réponses étaient faciles, il n'y aurait plus de question ni de plaisir à la recherche.
David