Bonjour,
Retour sur la généalogie de l'illustre famille de Créquy, que je connais bien pour l'étudier depuis près de quarante ans et de vérifier tout ce qui peut l'être, à partir des sources médiévales en particulier.
La genèse de la dite généalogie est intéressante. C'est le jeune Pierre d'Hozier qui nous en fournit une première mouture vers 1620 (plusieurs manuscrits), mais plus tard, il approfondit son travail et établit des filiations plus certaines en se référant à des documents d'époque dont il nous livre parfois des copies recollées et dont on ne peut douter de l'authenticité. Rappelons que le XVIIe siècle vit naître l'érudition moderne et que mauristes, bénédictins et quelques autres se plongèrent avec délices dans les chartriers et vieux papiers. Leurs travaux remplissent souvent les rayons des manuscrits de nos bibliothèques municipales.
Au début du XVIIIe siècle, le père Anselme publie dans "ses grands officiers" une généalogie de la famille qui devient un peu la Vulgate, largement recopiée sans trop de discernement par la suite. Il reprend, sans trop y croire, la généalogie légendaire (avant Ramelin), fournit quelques branches (exemple: Bierback) invérifiables et fausses au regard des références qu'il cite, confond pas mal de membres de cette famille. La nécessité de prouver, à partir de la fin du XVIIe siècle, fit même qu'on fabriqua des pièces "authentiques" de toute pièces, comme c'était d'ailleurs commun à l'époque, mais ce qui ne trompe guère les généalogiesta avertis.
En l'état de la recherche actuelle, la filiation n'est certaine qu'à partir de Baudouin de Créquy, cité entre 1198 et 1226. et j'ai essayé, dans divers articles et sur le petit site consacré à cette famille - qui vaut ce qu'il peut - de faire le point sur mes recherches.
http://familledecrequy.crequy.com. Il reste encore pas mal de travail à faire avant de présenter quelque chose de définitif.
Reste le problème des branches roturières: les Decréquy de Fruges et de la région. La tentation a été forte au XIXe siècle pour certains membres de cette famille de se rattacher à l'illustre famille qui était d'ailleurs tombée en déshérence. D'où fabrication de généalogies à filiations hasardeuses, que Michel Champagne est en train de démonter dans ses excellents travaux.
Il n'est cependant pas impossible que certaines de ces branches rôturières proviennent de bâtards de la grande famille: il y en eut profusion au XVe siècle. Quelques sources du XVIe sièce restent encore à exploiter dans le fonds 306 AP des Archives nationales, celles qui concernent la seigneurie de Rimboval et quelques fiefs de Coupelle-Vieille.
Cordialement.