Citation (vlecuyer @ 12/07/2016 à 00:39)
fils d'Antoinette SENICOURT et d'un père inconnu, il ne porte donc a priori aucun patronyme officiel.
Bonjour Serge et Vincent,
Effectivement. L'acte de baptême d'un enfant né de "père inconnu" doit être considéré comme provisoire, un provisoire qui peut durer longtemps.
Selon les usages du curé, on peut forcer la mère à avouer le nom du géniteur et si elle ne le sait pas, l'enfant est dit de père inconnu. A Verlinghem, un curé a froidement baptisé un enfant qu'il a nommé INCONGNEU en mentionnant cependant sa mère. Si cette procédure est habituelle mais que pour une fois, elle n'est pas appliquée, ce peut être dû au rang de la famille ou parce que chacun sait à quoi s'en tenir. Les cas peuvent être fort divers : enfant du seigneur du lieu, viol...
Certains curés ne faisaient pas état de ces pressions... ou répugnaient à inscrire le nom du père.
La mère peut cacher le nom pour des raisons qui lui sont personnelles.
Quel que soit le cas, les parturientes pouvaient changer d'avis et attaquer le père en justice s'il ne les défrayait pas ou ne prenait pas l'enfant en charge comme promis. On en a vu se brouiller avec le père après un second enfant illégitime et présenter la note. Si le dossier était solide, la justice lui donnait raison et l'enfant prenait enfin le nom de son père.
Autre cas fréquent, la mère et le père sont très jeunes et leurs parents opposés au mariage. Le père s'empresse de régulariser dès sa majorité et l'enfant (s'il est encore en vie) "passe sous le voile" en signe de légitimation. Le curé peut alors compléter l'acte de baptême mais il lui suffit souvent de savoir. Les problèmes surviennent si cet enfant se marie et/ou décède après la
Loi du 6 fructidor an II (23 août 1794), c'est en principe le nom de naissance (acte de baptême) qui sera pris en compte sa vie durant. Ainsi un Philippe, né de Marie Anne DELATTRE à Guînes s'est marié sous le nom de FO(I)RET, a eu ses deux premiers enfants sous ce nom et a dû reprendre le nom de DELATTRE avant d'avoir d'autres enfants...
A leur baptême, ces enfants n'avaient donc pas d'identité définie en attendant la suite des événements. Le plus souvent, le nom du père restait ignoré et c'est celui de la mère qui était utilisé. Mais pas toujours. L'étymologie du patronyme d'Alphonse de LAMARTINE indique clairement que son ancêtre était fils de "La Martine" ce qui ne prouve même pas qu'il était de père inconnu. Le père pouvait être parfaitement connu mais moins que sa mère parce qu'il venait de loin, que son nom était compliqué ou qu'il était mort prématurément et qu'on l'avait oublié, que la mère avait déménagé après son veuvage pour retourner auprès de ses parents ou d'un nouvel époux. Parfois on a perdu le registre de baptêmes. C'est bien l'usage qui prévalait.
Cordialement,
Roselyne