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> calamités : 1709-1710
dlarchet
posté 12/11/2006 à 16:12
Message #1


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Aide possible: sur le fond et la forme
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-INTERVENTION Jean-Paul.Maniez
relevé dans le bulletin de l'agp et communiqué des notes personnelles sur les années 1700 1750 :

Pauvreté de la nourriture, précarité du logis, absence de soins, maladies épidémiques fréquentes, hygiène
inexistante faute de moyens et de connaissances, nos aïeux, qui souffraient en silence, grelottaient dès
qu'arrivaient les premiers froids.
L'hiver de 1709 fut sans doute l'un des plus terribles. Les indications relevées dans les registres paroissiaux
permettent d'établir une température de - 28' à - 30' Celsius. Les arbres éclataient sous l'effet du gel, les
animaux crevaient à l'étable, la terre était si dure qu'il fallut enterrer provisoirement les morts nombreux dans l'intérieur des églises. Les souffrances de la population de fantômes furent aggravées par les meurtres, saccages, pillages perpétrés par les soldats de l'Armée de France alors engagés par Louis XIV dans la guerre de succession d'Espagne (1701 - 1714). Des gens sont tués parce qu'ils refusent de donner aux soldats les maigres provisions dont ils disposent encore. La mortalité est effroyable : dans certains villages de la région d'Anvin où décèdent chaque année 6 à 7 personnes, ces chiffres sont multipliés parfois par dix. Morts de famine, morts d'assassinat.
Des témoignages couchés dans des registres paroissiaux sont funestement éloquents.

Le Curé Boutoille, qui exerçait son ministère à Maninghem-au-Mont, écrivait :
"La veille des Rois vers les dix heures du soir on vit une gelée si âpre que le village, tout sale qu'il fût, portait gens, bêtes et chariots, et cette gelée dura jusqu'au 2 avril ... neige et gelée causèrent bien des désordres, premièrement la mort des gens et bêtes le long des chemins, la perte générale de tous les grains d'hiver, le retardement des labours de mars ...

Les arbres comme pruniers, couronniers, poiriers, noyers et plusieurs pommiers sont morts ... Les plus riches ont été réduits à manger du pain mêlé d'avoine "baillard", "bisaille" ... et les pauvres du pain d'avoine dont les chiens n'auraient jamais voulu manger le temps passé ; aussi les peuples sont morts en si grande quantité de flux de sang et de mort subite qu'à tous côtés on parlait de morts".

L'Abbé Dubois, pasteur de la paroise de Rumegnies, raconta lui aussi l'horreur de cet hiver 1709.

'La nuit du 5 au 6 janvier 1709, il commença un hiver qu'on appellera jusqu'à la fin du monde le gros hiver ... il dura trois mois d'une force incroyable, entremêlé de dégels, qui ne duraient que quelques heures, de neige que le vent chassait dans les endroits les plus bas, de sorte que tous les blés furent gelés et on n'a point échappé un seul grain de colza.

.. Les plus gros chênes des bois et la plupart des autres arbres se fendaient de part en part ; les pruniers,
abricotiers, cerisiers moururent ; et les autres arbres ou engelés ou à demi gâtés. Dès que les marchands de grains virent les grains gelés, ils en haussèrent le prix très considérablement ... C'était du méchant métillon qu'on ne savait vendre auparavant".

Enfin, l'illustre Saint-Simon constatait lui aussi :
" un faux dégel fondit les neiges ... ; il fut suivi d'un subit renouvellement de gelée aussi forte que la précédente, trois semaines durant. La violence fut telle que l'eau de la reine de Hongrie, les élixirs les plus forts et les liqueurs les plus spiritueuses cassèrent leurs bouteilles dans les armoires de chambres à feu et environnées de tuyaux de cheminées, dans plusieurs appartements du château de Versailles ..." Fleuves et rivières étaient gelés, même le Rhône. La mer était bloquée par les glaces dans les ports et sur les côtes. Des émeutes éclataient, suscitées par des affamées.
Louis XIV, pour donner l'exemple, voulut que la Cour se nourrît de pain bis.
Mais la nature racheta rapidement ses erreurs catastrophiques car l'été 1709 et l'été 1710 virent resplendir
d'abondantes moissons.

Le curé de Bollezeele , dans ses registres , raconte volontiers les événements graves dont il est le témoin , dans sa commune , dans la région .C'est ainsi que nous apprenons que 2 années de suite en 1749 et en 1750, la Flandre connaît une grande sécheresse . "tous les étangs sont désséchés " ,le bétail en patit énormément , " on ne compte plus les chevaux morts dans les champs"
Les années précedentes 1746 et 1748 des milliers d'animaux étaient déjà morts de la peste bovine.

Le curé J C de JAGHER écrit alors
"le peuple connait alors une misére inouie " comme en 1740 et en l'an 1709 , mais écoutons ce brave pasteur : " en l'an 1740 , il y eu un froid si rude et si long que le blé était gélé, de sorte qu'une razière de blé se vendait 5 à 6 livres , c'est à dire 30 à 36 florins de Flandre , mais en 1709 , il se vendait encore plus cher parce que le blé était gelé partout, ce que j'ai mentionné , vivant déjà à cette époque"

1709-1710 Epidémie - famine

From: "Jacques AYNIE"
Sent: Wednesday, January 30, 2002 1:55 PM
Subject: [gennpdc] [rech-62] CAMBLAIN

EPIDEMIE DE TYPHUS DE 1710 (suite au passage de l'armee de Hollande - population du village 350 habitants il y a eu 115 victimes)

DECES DU MOIS D'AOUT 1710
Denis DELPLACE fils de Martin manouvrier et de Marie DAVIRON age de 4 ans.
Philippe ELLUIN (j'ai trouve plusieurs orthographes dont la votre) menager mari de Catherine DELPLACE age de 50 ans.
Marie Josephe ALEXANDRE fille de feu Francois en son vivant laboureur et de Eleonore LEFEBVRE agee de 14 ans.
Pierre ELLUIN mari de ? D'ARVAICE age de 44 ans
Pierre ELLUIN fils du dit Pierre age de 14 ans.
Martine CUBIER femme de feu Matthias ELLUIN en son vivant menager agee de 86 ans.

DECES DU MOIS DE SEPTEMBRE 1710
Jacqueline ELLUIN fille de feu Jean en son vivant menager agee de 36 ans.
Pierre DELPLACE mari de Josephe GODART valet de charrue age de 40 ans.Jean DHOUDAIN fils de Jean menager et d'Anne GUIOT age de 6 ans.
Marie Magdelaine DELPLACE fille de Jean journalier et de Marie Magdelaine HUMET agee de 27 ans.
Pierre ELLUIN fils de Matthias en son vivant menager et de Martine CUBIER age de 49 ans.
Marie Isabelle GUIOT fille de Pierre et de Marie Joanne BODELET (peut-etre a rapprocher de votre BAUDELET)
Jean Baptiste GUIOT fils du dit Pierre age de 7 ans.
Denis DELPLACE fils de Samson cordonnier et de Marie D'ANSEN age de 4 ans.
Marie Louyse DELPLACE fille du dit Samson agé de 1 an.
Marie Joanne ELLUIN fille du dit Philipe et de Catherine agee de 12 ans.
Jean Baptiste ELLUIN fils du dit Philippe age de 8 ans.

DECES DU MOIS D'OCTOBRE 1710
Albert DELPLACE fils de Jean journalier et de Marie Magdelaine HUMET age de 1 an.
Nicolas ELLUIN fils de Matthias et de Martine CUBIER marechal ferrant age de 58 ans.
Martin HUMET berger mari de Anne CLEMENT age de 57 ans.
Catherine HUMET fille du dit Martin agee de 19 ans.
Andre Glaude HUMET fils du dit Martin age de 17 ans.
Catherine DELPLACE femme de Philippe ELLUIN menager agee de 46 ans.
Jean Baptiste ELLUIN fils de Philippe age de 9 ans.
Joanne BOURDREL fille de ? BOURDREL et de Marie CAPET 46 ans.
Bernard ALEXANDRE fils de Francois laboureur et d'Eleonore LEFEBVRE 9 ans.

DECES DU MOIS DE NOVEMBRE 1710
Marie Caherine NEPVEU fille de Denis laboureur et de Marie Joanne LEFEBVRE 3 ANS.
Anne GUIOT femme de Jean DHOUDAIN menager agee de 43 ans.
Marie Catherine LEFEBVRE fille de Charles tailleur d'habit et de Marie Magdelaine GOURBAN agee de 7 ans.


Cause multiples décès 1709 Cysoing

Subject: [gennpdc] [gennpdc][rech-div]
From: "Jean Claude Reuflet" <>
Date: Tue, 2 Dec 2003 14:42:58 +0100

Qui saurait dire ce qu'il s'est passé en 1709 à Cysoing ?
On y compte au moins cinq fois plus de décés que les années précédentes. L'année suivante, 1710, un seul mariage, peu de naissances. Les choses se rétablissent en 1711 et surtout 1712, puis en 1713 mais ces années là comptent peu de décés, 3 seulement en 1713, ce qui montre que la coupe de 1709 a été sévère.
Une famine ?

From: "Droulers-Blin" <>
Date: Tue, 2 Dec 2003 15:38:01 +0100
Selon les livres d'Histoire,
1708 la France envahie par les troupes de Malborought et du Prince EUGENE (Lille prise le 22/10).
1709 Janvier extrêmement froid et disette partout...L'Angleterre fait le blocus, peu de ravitaillement
1712 victoire des Français contre le Prince EUGENE à Denain...
1713 Traité d'Utrecht série d'accords après une douzainne d'années de combats acharnés pour la succession au trône d'espagne...
1715 Traité des Barrières: toute prétention de la France sur les Pays-Bas est stoppée...
Les conflits sont suspendus...pas pour longtemps...
En attendant, les "nôtres" se déplaçaient ici ou là "réfugiés à cause des guerres"...

From: François CARON <>
Date: Tue, 2 Dec 2003 19:13:38 +0100 (CET)

A propos des conséquences démographiques de la guerre de 1710, je vous recommande la lecture de DELVAUX Thomas, Des fléaux et des hommes : Saint-Omeret Aire-sur-la-Lys de la guerre de Hollande à la mort de Louis XIV (1672-1715), 3 tomes, 2001.

François Caron

PS: ci-dessous un extrait des registres d'Ecques faisant écho à votre message sur (transcription Thomas DELVAUX):

"Le premier [septem]bre 1710 l'arme formidable des
puissances alliez ___________ le 27 aout, sont venu
investire la ville d'Aire quy sest rendu sous leur
obeissance le 8 ou 9 [octo]bre. La terreur nous at
tellement saisy que par malheure nous avons tous
quittez nos maisons et paroisse sans parler icy
destruction, des batimens, des arbres abbatu et de
lenlevement general de tous nos grains et fourage ce
qui est comun aux armees je coucheray icy par ecry le
nombre de mes paroissiens quy sont allez de vie a
trespas dequy le premier [septem]bre cy dessus iusque
au mois de mars suivant de cincq cent paroissiens que
iamais la mort impitoiable meut at enleve 140 grands
et petits et pour donner qelqe ordre a cette remarque
ie commenceray par Cauchy.
De 80 personnes ils en mourut 45 ... dont suivent les noms."

From: "Paul POVOAS" <>
Date: Tue, 2 Dec 2003 17:23:21 +0100

Une explication très ...très schématique, je le précise :
L'année 1709 a été année catastrophique au point de vue démographique.
Durant cette année d'ailleurs, les récoltes ont été décimées par le froid,
la pluie, la grêle, et de plus, la guerre. La famine et la maladie ont
considérablement touché la population dans les villages, et qui dit famine,
dit maladie....et donc mortalité....

From: Katy RENOU <>
Date: Tue, 2 Dec 2003 18:58:45 +0100

Je ne suis pas historienne mais je sais ce qu'il se passât.
Le fameux grand hiver !! Jetez un coup d'oeil sur le site
histoire-genealogie.com où il y a de nombreux récits à ce sujet.
Rassurez-vous il m'est arrivé la même mésaventure. Je suis sortie des
archives un soir en pleurant toutes les larmes de mon corps et le
moral au triple zéro car j'avais passé 8 heures à enterrer tous mes
ancêtres, tontons, tatans, cousins, cousines et je n'avais trouvé
aucune explication à ce cataclysme de l'année 1709!
La fois suivante je suis tombée par hasard sur un registre que je
n'aurai pas dû consulter et sur lequel le curé avait écrit :
que la famine fut si grande que l'on donna à manger le chaume des
toits au bétail qui mourut d'une si piètre nourriture, qu'il
n'était pas rare de voir les pauvres gens manger les racines dans les
champs et que nombreux furent ceux qui périrent de faim et de froid.
Je peux rechercher le texte exact si vous le souhaitez.
Je crois qu'il y eut des années de mauvaises récoltes suivit d'un
terrible hiver et de grands froids d'où la famine.

From: "J-F.Baquet" <>
Date: Tue, 2 Dec 2003 21:03:11 +0100

Guerre de succession d'espagne + hiver glacial + famine + peste en 1710
Les indications relevées dans les registres paroissiaux permettent
d'établir une température de - 28' à - 30' Celsius. Les arbres
éclataient sous l'effet du gel, les animaux crevaient à l'étable, la
terre était si dure qu'il fallut enterrer provisoirement les morts
nombreux dans l'intérieur des églises. Les souffrances de la population
de fantômes furent aggravées par les meurtres, saccages, pillages
perpétrés par les soldats de l'Armée de France alors engagés par Louis
XIV dans la guerre de succession d'Espagne (1701 - 1714).

From: Fmerchez.
Date: Tue, 2 Dec 2003 13:14:57 EST

Ci-joint un extrait de Thierry Sabot (?) concernant cette période difficile
pour nos ancètres. Vous pouvez trouver un peu plus d'éléments locaux ( en
sélectionnant Artois puis Histoire locale ) sur mon site, avec mes excuses pour la
pub!!
Ci-dessous un copier-coller de l'extrait :
-----
Les "grands hyvers" 1693/1694 et 1709/1710 par Thierry Sabot

La fin du XVII° siècle et le début du XVIII° siècle furent marqués par les désastreux hivers de 1693/1694 et
1709/1710 qui ont longtemps laissé un souvenir dans la mémoire collective.
Les accidents météorologiques (gel tardif ou pluviosité excessive) étaient redoutés par la population. Généralement, ces phénomènes climatiques entraînaient une régression de la production agricole souvent suivie d'une crise de subsistance. La famine était alors plus ou moins importante selon les provinces du royaume. Ainsi les zones littorales du Midi et de la Bretagne étaient préservées en raison d'un climat plus clément, de facilités de ravitaillement par la route ou par la mer et surtout grâce à la consommation d'aliments de substitution : blé noir, maïs, laitages, poissons et coquillages... Pour le reste du Royaume, il est possible de lire les conséquences démographiques des grandes gelées des hivers 1693/1694 et 1709/1710 dans les registres paroissiaux : on remarque souvent une multiplication par trois ou quatre du nombre des décès, une baisse sensible du nombre des mariages et une diminution plus importante encore du nombre de baptêmes (par suite d'aménorrhées ou de dénutrition).

Selon l'historien Pierre Goubert, le "grand hyver" de 1709 gela toutes les cultures et les arbres fruitiers. Les récoltes de blé furent détruites sauf dans les régions qui purent semer des blés de printemps. Un texte publié en 1790 dans "La Nouvelle Maison Rustique" sous la plume du "sieur Liger" nous renseigne sur les conséquences des "gros hivers" sur la culture du blé : (...) Ce n'est pas même la rigueur et la durée de la gelée qui est le plus à craindre dans les grands hivers, surtout quand le blé a été bien recouvert avec l'herbe, que la plante est bien épatée, et que la terre reste couverte de neiges qui l'échauffent et la préservent des fortes gelées. Si le froid vient peu à peu, ou quand l'eau est bien égouttée, quelque fort et long qu'il soit, il ne fait mourir que la fane, et le grain conservé en terre, pousse de nouveau au printemps. Tel a été le grand hiver de 1608, dont parle Mezerai, et qui fut cependant suivi d'une ample moisson ; et
tel a été aussi à peu près le long hiver de 1729. Mais si la gelée prend âprement pendant que la terre est découverte et imbibée d'eau ; par exemple, si elle reprend sur un prompt dégel, le blé étant entre deux glaces, elle pénètre, saisit, brise ou brûle tout, sans espérance de résurrection ; et c'est ce qui arriva en 1684 et en 1709. Nous avons lu, dans les archives d'une petite ville ancienne, qu'il y eut en 1573, un pareil hiver, qui fit monter, disent ces archives d'heureuse date, le prix du blé jusqu'à 37 sols le boisseau réduit à celui de Paris.

Cependant, au commencement du printemps de 1709, le Parlement de Paris, flatté par l'exemple de l'hiver de 1608, cité par Mezerai, fit défenses de charger en nouveaux grains, les terres emblavées avant l'hiver, dans l'espérance que le blé y repousserait comme il avait fait en 1608, ce qui manqua par l'effet des gelées survenues coup sur coup pendant les dégels : de sorte que, sans le secours des orges, qu'on sema sur les blés, et qui fournirent avec tant d'abondance, qu'on appelle encore cette année, l'année des orges, la misère aurait été bien plus affreuse qu'elle ne le fut : tant il est vrai que la plus sage prévoyance est souvent trompée, et que la meilleure ressource de l'homme après Dieu, est l'industrie et le travail. Ainsi, au printemps, si l'on voit que les blés aient péri par quelques gelée pareille, par pillage d'oiseaux de passage, ou par quelqu'autre malheur, il faut repasser la terre, et y semer du blé rouge ou de l'orge.
Au printemps qui suivit ce même hiver de 1709, dans le Berry et ailleurs, on sema beaucoup de blés, qui levèrent et crurent bien ; mais quand on vit qu'ils ne donnaient que de l'herbe et des épis sans grain, on les faucha, on y mit paître les bestiaux comme dans un pré, et l'hiver ayant passé par-dessus, ils rapportèrent du grain, l'année suivante, aussi abondamment que si on les avait semés de nouveau. On a appris dans ce même hiver 1709, que le blé qui avait été semé dans des clos, le longs des murs, qui le tenaient à l'abri du vent du nord, y avait résisté à la rigueur du froid.
Quand le printemps est extrêmement humide et pluvieux, la récolte qui suit est ordinairement stérile, parce que le bon grain a été étouffé et affamé par une multitude de mauvaises plantes. Ce sont aussi ces années-là où les maladies populaires sont les plus fréquentes en automne, soit par la mauvaise qualité du grain qui n'a pas eu assez de nourriture, soit par le mélange qui s'y est fait des graines de mauvaises plantes".

Suite aux rigueurs des hivers 1709 et 1710, les prix des céréales flambèrent (10, 12 ou 13 fois les prix de l'année précédente). Pierre Goubert précise : En 1709, "comme en 1694, le petit peuple, aux réserves épuisées par les divers impôts, ne put vivre que de charité ou de charognes infectes. On enterra en série, on ramassa des morts le longs des chemins...". Toutefois, le même auteur remarque que "les gens mouraient rarement de faim au sens étroit du mot, mais plutôt d'aliments infects des temps de crise, qui provoquaient diverses maladies contagieuses, surtout digestives".
Mais c'est surtout grâce aux annotations des prêtres dans les registres paroissiaux, en marge des actes d'état-civil, qu'il nous ait possible aujourd'hui de lire et de comprendre les conséquences des grands hivers pour la population.

From: "Michel Pellegrina" <>
Date: Sun, 7 Dec 2003 12:00:46 +0100

Jusqu'à ce que je lise le premier message sur l'année 1709, j'ignorais jusqu'à son existence, si je puis dire...
Je suis en train de lire une généalogie sur une famille de la région du Haut-Beaujolais et je vous recopie le passage suivant : (pour info St Jean la Bussière et Thizy se trouvent dans le département du Rhône)

L'année 1694 est caractérisée par un froid glacial dont tous registres locaux font foi. A saint Jean la Bussière, non loin de Thizy, le curé note sur son registre : "Je me contente de dire les choses à remarquer...qui seraient même incroyables si elles n'avaient pas été écrites dans ce livre qui n'est que vérité, ce qui doit nous obliger à prier Dieu de nous faire la grâce de ne jamais revoir une semblable année à celle de 1694."
Dans ce pays, cette terrible année fut baptisée La Cruelle. Le même curé note : "Les pauvres étaient dans une si grande famine, qu'ils mangeaient par les près comme des bestes. Les racines de mauve et la panaye sauvage, étaient leur nourriture ordinaire." Il continue : "Si grande était la mortalité qu'à peine pouvait-on subvenir aux nécessités spirituelles...Il y avait des maisons où il ne restait plus personne."

Et pour couronner le tout, les malheurs de la guerre :
"Une bataille en Flandre où il reste pas 2000 hommes, et même Monsieur le Marquis fut tué, ce qui causa une grande perte...ayant soin des pauvres, quoi qu'il n'y fut pas, ce qui est assez rare." relève le bon curé.

En 1709, une autre année glaciaire survient, surnommée La Méchante. Le vicaire de Bourg de Thizy notera : " Depuis le mardy après la Trinité 1709 jusqu'au mardy après la Trinité 1710, il est décédé 30 confrères, dont messires les archiprestres de Thizy."

Et le même curé que celui de 1694, toujours en fonction à St jean la Bussière, interrompt à nouveau le cours normal du registre paroissial pour noter :
"L'année 1709 est une des plus fatales années de plusieurs siècles, ayant fait un hiver des plus rigoureux qui puisse, plusieurs étant morts par le froid au milieu des chemins et ailleurs. L'hiver si grand, qu'il n'a point laissé de graines hivernaux comme froment et seigle, n'ayant point d'espérance à d'autres récoltes... Il faut ajouter à ces calamités une fièvre maligne qui a régné l'été et l'hiver même et qui a causé une moralité si grande. Plusieurs maisons sont restées vides, la mort ayant tout enlevé, grands et petits."

From: "Pierre Piquart" <>
Date: Sun, 7 Dec 2003 18:20:47 +0100
Extrait d'un livre sur l'Histoire de Gespunsart par Monseigneur P.L. Péchenard.
Témoignage sur les Ardennes
"L'année 1709 fut si pluvieuse que les grains germèrent sur pied et ne produisirent presque rien. On ne compta que cinq jours de chaleur, mais si intense que plusieurs moururent aux champs. Quant à l'hiver de 1709, il est resté fameux dans l'histoire par ses rigueurs inouïes et par l'épouvantable famine qui en fut le résultat. Le curé de Gespunsart, Thomas Stenva, voulut en laisser le souvenir à la postérité dans ses registres paroissiaux."
"La stérilité de l'année 1709, dit-il, a été inouïe. Tous les grains de "oïain" (on appelle oïains dans le pays les semailles d'automne) ont été morts et désséchés par la gelée qui a été extraordinaire.
C'était dans le thermomètre au 7ème degré et demi. On n'a pas recueilli un épi de froment presque dans toute la France. On a moissonné un peu de seigle aux côtes tournées au midi; mais il était si maigre et si tardif qu'on n'en a fait la moisson que vers le mois de septembre. Il était mauvais, avait un goût de suie et était plein de corbeaux. L'année suivante a été extraordinairement pluvieuse, et il y a eu une très grande abondance d'orge, qui a valu toujours, pendant une bonne partie de l'année, trois livres le quartel, le froment vieux a valu sept à huit livres. Vers la moisson de 1710 l'orage a diminué considérablement. Mais les gens ne trouvaient rien à gagner, et s'il n'était venu dans ces quartiers ici des grains de Bastogne et de Liège, après les Pâques de cette année 1709, une bonne partie du peuple serait morte de faim, et pendant l'année 1710, beaucoup ont cherché l'aumône dans Liège. La misère était si grande que, quoique la guerre fut très cruelle, Sa Majesté a fait distribuer des aumônes d'avoine au peuple, à vingt livres le quartel, et vers le milieu de 1710, on n'en trouvait point à cinquante. C'est à cette action qu'a paru la grande charité du roi Louis-le-Grand."

From: Marie-Claire Bauche <>
Date: Mon, 08 Dec 2003 09:16:37 +0100

Pour l'année 1710, dans les relevés de Camblain l'Abbé, je trouve
l'info suivante :
" le 12 juillet 1710 est venue camper dans cette paroisse
" et lieux voisins l'arméé d'Hollande pendant le siège de Béthune,
" et ensuite sont morts les 110 personnes suivantes "
Mais la raison de ces morts n'est pas indiquée.

From: "Jean Claude Reuflet" <.>
Date: Mon, 8 Dec 2003 09:41:52 +0100

Selon ce que je viens d'apprendre par les archives de gennpdc, les morts
proviennent de l'épidémie de typhus.

From: "p.r.legrand" <.>
Date: Mon, 8 Dec 2003 20:41:29 +0100

Ben oui, c'est ce que plusieurs disent, mais j'ai bien regardé la bobine de
Camblain, et si une source évoque le typhus, ce n'est pas celle-là.
Autrement dit, tout ce qu'on trouve dans le registre paroissial, c'est ce
que Marie-Claire a cité ; le curé n'a donné aucune précision quant aux
symptômes, et il n'a donné aucun nom au mal qui a fait localement de tels
ravages. En le lisant, on devine que c'est lié au campement de l'armée à
proximité de Camblain, mais on n'en sait pas plus.
C'est vrai qu'une épidémie de typhus est plausible.
Y a-t-il une autre source qui donne d'autres informations ?

From: Marie-Claire Bauche <>
Date: Tue, 09 Dec 2003 00:06:13 +0100
En fait, le curé a écrit " 110 décès à partir de juillet 1710 " , mais
j'en compte 123 , répartis comme suit :
juillet : 4
aout : 27
septembre : 44
octobre : 30
novembre : 16
décembre : 2
de janvier à juin 1710, il y en avait eu 9
ce qui donne un total de 132 décès pour l'année 1710

Par comparaison :
en 1707 : 4 décès
en 1708 : 1 décès
en 1709 : 9 décès
en 1710 : 132 décès
en 1711 : 5 décès
en 1712 : 3 décès
en 1714 : pas de décès

L'année 1710 a donc été exceptionnellement noire pour cette petite commune.
Il serait intéressant de savoir combien elle comptait d'habitants avant
1710.


From: Pierre.Sage.
Date: Wed, 3 Dec 2003 15:36:50 +0100
Pour information
A propos des conséquences démographiques de l'hiver de 1709, un recensement
des hommes et du bétail a été réalisé en 1709 dans le Calaisis pour
connaître sur quelles forces et quelles ressources on pouvait encore
compter.
Une transcription de document est en cours de publication dans le bulletin
généalogique des "Amis du Vieux Calais"

From:
Date: Tue, 9 Dec 2003 00:36:16 +0100

Sur un vieille monographie en original d''un instituteur de Camblain
L'abbé dit
"le 12 juillet 1710, l'armée de Hollande vint camper à Camblin et les
environs. Elle introduisit avec elle le typhus, qui fit bientôt de
nombreuses victimes..... sur une population de 390 habitants, on compte 3
décès en juillet, 29 en août, 44 septembre, 21 en octobre, et 22 en
novembre.....Les registres de catholicité de cette époque néfaste sont
ainsi conçus : "pendant ce campement et ensuite sont mortes les personnes
suivantes.... "
Suivent les noms âge profession et parenté des victimes.

From: Marie-Claire Bauche <>
Date: Thu, 11 Dec 2003 09:26:25 +0100
Bonjour,
123 morts sur 390, on en frémit !
Merci à tous ceux qui m'ont donné des précisions.

From: "daniel dumetz" <>
Date: Tue, 9 Dec 2003 16:47:46 +0100

Effectivement il y a eu plus de 110 mort en 1710 à Camblain l'Abbé. J'en
ai la liste , puisque j'en ai fait le relevé ( qui est en vente à l'AGP mais
je ne sais pas si les correcions que j'y ai apporté il y a quelques mois,
sont déja prise en compte.) La raison de cette hécatombe est probablement
le thyphus que l'armée avait amenée avec elle . Il y eu également les
conditions terribles de l'hiver qui fut un des plus froid du siècle .Le
curé n'a effectivement pas donné les raisons des décès ni même souvent , la
date exacte. Probablement il était débordé !

Ce message a été modifié par dlarchet - 17/11/2006 à 17:33.
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