IPB

Bienvenue invité ( Connexion | Inscription )

 
  
> Chambre de la patache, Calais
jvasseur
posté 27/09/2020 à 10:06
Message #1


Plume d'Or 2015-16-17-18-19-20-21, Argent 2023
*******

Groupe : Membre +
Messages : 18 048
Inscrit : 27/05/2013
Lieu : BLOIS
Membre no 15 980
Aide possible: recherche historique
Logiciel: Aucun de précis



Bonjour,


En ce temps d'épidémie...
Il est intéressant de savoir comment nos ancêtres luttaient au XVIII° contre l'expansion de ces fléaux, la peste notamment.
Voici l'inventaire d'un registre conservé aux Archives municipales de Calais concernant "la patache", police sanitaire du port.

Nota : "Monter la patache" signifie monter la ronde.
La patache sert de première garde pour arrêter les vaisseaux qui viennent à entrer dans les ports. Le corps-de-garde de la patache doit être composé de son équipage, ou de soldats détachés à cet effet. (encyclopédie de DIDEROT & D'ALEMBERT 1765)


AM Calais GG8 (Registre.)— 158 feuillets, papier. 1757-1814. — Chambre de la Patache : Registre journalier tenu par les bourgeois de Calais, commissaires de santé, chargés de la police sanitaire du port.

— Le 23 oct. 1707, les maïeur et échevins en charge, informés par un courrier de la cour qu’une maladie contagieuse désolait Lisbonne, s’assemblent ; le commissaire de marine PORQUET avise le prince de CROY, commandant à Calais. En attendant les ordres de l’intendant et selon la lettre du ministre de la marine de MORAS, écrite de Versailles le 21 octobre, l’échevinage décide qu’il sera monté « patache » sur le port (f°1).
— Copie de la lettre du ministre de la marine, de Moras (Versailles oct.) au commissaire de la marine Porquet, de l’ordre du Roi aux Intendants des provinces maritimes (f° 1 v°). — Ordonnance de l’échevinage contre le danger d’épidémie : deux bourgeois monteront la patache sur le port pendant 24 heures et feront la ronde des portes pour empêcher tous les bâtiments d’entrer au port. La chaloupe du lamanage ira au devant des bateaux et avec un porte- voix interdira l’entrée du port. En cas de refus le pavillon rouge sera arboré par le capitaine de garde sur le rempart du Courgain. A ce signal les canonniers gardes des forts tireront pour les couler. Défense aux bateaux pêcheurs de donner passage. Les corsaires rentrant au port hisseront un pavillon blanc au grand mât pour indiquer que leurs prises ne viennent pas de lieux suspects. (IMG:style_emoticons/default/dry.gif)
— Le 24 octobre deux bourgeois, DUFLOS fils et Louis LEBRUN, allèrent sur le port en la chambre de la Patache, firent des rondes auprès des sentinelles du Bleu et du Long Pont et signèrent le procès- verbal ; ils montèrent la garde jusqu’à 9 heures du matin le lendemain (f° 7).
— Le 27 octobre un navire battant pavillon hollandais était mouillé vis-à-vis le fort Lapin ; le bateau patache sortit armé d’un pilote, 6 matelots et un interprète hollandais (f°7-v°).
— Arrêt de l’intendant D'INVAU (Amiens oct. 1757) pour prévenir les épidémies (f° 8).
— Consigne (29 oct. 1707) donnée par les officiers de marine pour servir au capitaine de garde du Cour- gain et aux forts (f° 10 v°).
— Consigne pour les bateaux pêcheurs (f° 11 v°).
— Rôle des matelots qui formeront l’équipage du bateau servant de découverte dans le port de Calais (un pilote, 20 livres par mois, 9 matelots et un interprète à 15 livres). Ils feront ce qui sera prescrit par les commissaires de santé établis dans le port (f° 11 v°).
Instruction pour le pilote lamaneur ordonné par la patache pour aller en rade à la rencontre des navires : les lamaneurs se mettront au-dessus du vent sans aller à bord des navires. L’équipage ou l’interprète interrogera le capitaine de la part du Roi : d’où il est, son nom, sa nation, d’où il vient, où il va, nature des marchandises, navires rencontrés en mer, s’il a été visité par des corsaires, s'il a fait relâche, s’il a embarqué des marchandises, s’il a des lettres de santé, s’il a des malades et nature de la maladie, s’il a rencontré des navires portugais, s’il a des marchandises « contagieuses », poils de chèvres, coton et drap. Tout bateau non suspect fera relâche près des pilotes du Risban (f°12). (IMG:style_emoticons/default/dry.gif)
— Visite par le chirurgien juré de l’amirauté, La Chèvre de la prise anglaise faite par le capitaine Jean-Louis JEAN de Boulogne (f° 17).
— Entrée du corsaire (6 nov.) la marquise de LEYDE, capitaine Jean HAUBLIN de Boulogne (f° 18).
— Lettres de M. de MASSIAC (13 sept. 1708), de l’intendant D'INVAU et ordonnance de l’échevinage (3 oct. 1708) au sujet du corsaire anglais, le royal Georges, infecté de la peste (f° 18 v°).
— Sortie (4 oct. 1758) du port de Calais d’un pécheur de Waldan et de 5 cordiers, rentrés sans incident (f° 19 v°).
— Entrée du corsaire l’Entreprenante (28 oct. 1768) (f°27).
— Signalement ( 1707) par les bourgmestres de Bruges et les échevins de Dunkerque de 2 brigantins anglais venant des côtes de Barbarie (f° 3r v°).
— Signalement (1708, 18 juillet) par les échevinages de Nieuport et de Dunkerque d’un navire français ayant à bord un ministre de la régence de Tripoli et suspect de peste (f° 35).
Sur les registres sont transcrits journellement les rapports des deux bourgeois commissaires de santé qui en voulant donner des marques de leur attachement à la patrie et véritables citoyens » montent la garde à la patache sur le port ; ils donnent par jour la liste exacte de tous les bâtiments entrés et sortis avec tous les incidents durant 24 heures. A partir du 26 janvier 1771, il y un capitaine de santé ou capitaine de patache pour la santé jusqu'au 23 mars 1772. Ils indiquent parfois sur leurs registres la direction du vent dominant.— Il y a une lacune de 1772 à 1781. — Le 30 août 1781, les officiers municipaux de Dunkerque ayant signalé que la peste s’était de nouveau manifestée à Smyrne et à Salonique, l’échevinage de Calais décide que la patache sera montée (f° 106).
— Les procès-verbaux durent jusqu'à 1787, 12 décembre, puis reprennent après le 26 fructidor an II Le bureau de santé de Dieppe avait avisé le district que la peste régnait en Espagne (f°138 v°).
— A partir du 9 vendémiaire an III, c'est l’officier de garde du poste du Bleu que devient commissaire de santé; les bateaux de pèche sortent accompagnés de deux volontaires. — Le service de l’officier de la patache commandant du poste du Bleu cessa en ventôse an III.
— Le 27 mars 1814 la Commission Sanitaire de Calais décide, vu que le navire suédois Las Mas Mabrucca était signalé comme infecté, de faire monter la garde par 2 des notables de la ville. Le registre cesse au 19 juin 1814.

Cordialement,
Joël
Go to the top of the page
 
+ 
jvasseur
posté 28/09/2020 à 08:50
Message #2


Plume d'Or 2015-16-17-18-19-20-21, Argent 2023
*******

Groupe : Membre +
Messages : 18 048
Inscrit : 27/05/2013
Lieu : BLOIS
Membre no 15 980
Aide possible: recherche historique
Logiciel: Aucun de précis



Bonjour,


En ce qui concerne "la patache".

• Au XVIe siècle, la patache était un navire à rame.

• Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les Espagnols donnaient ce nom au petit vaisseau de guerre qui accompagnait les plus grosses unités pour leur servir d'éclaireur, ou à l'escorte accompagnant de gros bâtiments marchands. Ce n'est pas à proprement parler un type de bâtiment, mais une fonction que remplit un navire comme une barque longue, une pinque ou une tartane.

• En France, jusqu'au début du XXe siècle, ponton servant soit à la diffusion du courrier dans un port de guerre, soit à l'arraisonnement des bâtiments à l'entrée d'un port.

• Nom longtemps donné au bateau de la douane. Le douanier prenant le nom de "Patacheur".


La patache est un petit vaisseau de guerre destinée pour le service des grands navires et qui mouille à l'entrée d'un port pour aller reconnaître ceux qui viennent longer les côtes; la patache d'avis sert à porter les paquets à l'armée.
----De Guillaume PONCET DE LA GRAVE, Précis historique de la Marine Royale de France, depuis l'origine de la Monarchie jusqu'au Roi régnant, Volume 2 (1780) ----


En ce qui concerne Calais, La patache est savoureusement baptisée "Le Fin Matois" et voit son effectif passer de 66 douaniers en 1814 à seulement 12 en 1817.
---- Christian BORDE, Calais et la mer (1814-1914) Histoire & civilisations, Ed Septentrion (1997), page 44 ----


Ailleurs, la patache était un bateau fluvial destiné, à partir des ports, à collecter la gabelle, l’impôt sur le sel. Pendant la guerre, ils étaient affectés à la surveillance des ports et des côtes. On donnait autrefois le nom de patache à un petit bâtiment ancré dans un port de mer ou à l’embouchure d’une rivière sur lequel il y a des commis de fermes du Roi chargés de visiter les bâtiments entrants ou sortants, d’examiner les passeports et de faire payer les droits des marchandises arrivant par eau. D'où les nombreux lieux-dits "la patache" le long de la Loire.

Les conducteurs des bâtiments étaient obligés de s’approcher de la Gabare pour faire leurs déclarations, et étaient tenus de souscrire à la visite du Commis.


On peut noter en Mars 1804 dans la correspondance de Napoléon ces deux missives.
Citation

"Malmaison, 18 mars 1804

Au général BERTHIER

Je n'ai pu voir qu'avec peine, Citoyen Ministre, la prise de la patache de l'Écluse par deux péniches. Comment, à l'entrée d'un fleuve comme l'Escaut, n'y a-t-il pas quelques batteries pour la protéger, et comment cette patache n'est-elle pas elle-même sous la protection d'une batterie ?

Je vous prie de me faire connaître depuis quel temps le sous-inspecteur aux revues GARRAU sert en cette qualité, et si le comité central des revues en est content.


Citation
Paris, mars 1804

Au général Davout, commandant le camp de Bruges

Citoyen Général Davout, j'ai appris avec plaisir l'arrivée du contre-amiral Ver Huell et la bonne manœuvre qu'il a faite.

J'aurais préféré que les bateaux canonniers vinssent par mer; mais, puisque le trajet était à demi fait, vous avez en raison de le faire continuer.

J'ai vu avec peine vos discussions avec le général Magon. Il ne faut point oublier que la marine ne fait point partie de l'armée, que c'est, dans l'État, une organisation et un ministère à part, et qu'il y faut une manière d'être tout à fait différente ; car, dans tous les pays du monde et dans tous les siècles, les marins et les soldats de terre ont été enclins à être mal ensemble. D'ailleurs, si les marins croyaient être commandés par des officiers de terre, ils perdraient confiance et finiraient par se dégoûter. Quand je me suis adressé à vous, c'a toujours été dans la pensée que vous y influassiez par l'ascendant naturel que vous devez avoir sur Magon.

J'ai vu avec peine que deux péniches de Sidney Smith aient enlevé la patache de L'Écluse. Il n'y a donc pas un poste d'infanterie ou de cavalerie pour protéger cette patache ? Faites-moi un rapport détaillé là-dessus. C'est un petit échec que nous n'aurions pas dû éprouver. Ies officiers d'état-major chargés de l'inspection de la côte ne sont donc pas toujours à cheval ? Si cette patache a été prise hors de la portée du canon de terre, ce n'est point leur faute; mais, si elle a été prise près de terre, la faute en est certainement à eux.

Il ne faut pas s'embarrasser si la flottille batave ne peut sortir d'Ostende qu'en deux marées ; je ne vois cependant pas d'inconvénient, si la marine le juge nécessaire, à jeter un ou deux corps morts. Mais Ostende, et cela pour vous seul, n'est pas un point d'où je veuille partir pour aller en Angleterre ; et, comme la flottille partira de là pour aller mouiller dans un des ports de France, il m'importe moins qu'elle puisse sortir dans une marée ou dans deux.


Cordialement,
Joël

Ce message a été modifié par jvasseur - 28/09/2020 à 09:15.
Go to the top of the page
 
+ 

  
2 utilisateur(s) sur ce sujet (2 invité(s) et 0 utilisateur(s) anonyme(s))
0 membre(s) :

 



RSS Version bas débit Nous sommes le : 18 04 2024 à 06:54