(DE) BEAUFFORT x (DE) MAILLY, Arras et environs Options

[rduplouy]

Bonjour,

Je viens vers vous en raison d'un doute sur l'ascendance du couple Froissart de BEAUFFORT x (1328, Arras?) Alix (alias Jeanne) de MAILLY.

Plus particulièrement sur l'identité des parents d'Alix (alias Jeanne) de MAILLY. J'observe en effet une contradiction entre deux généalogies de la maison de Beauffort.

Selon la généalogie dressée par Eugène Bachart, Alix (Jeanne) de MAILLY a pour parents le couple Colart de MAILLY x Marguerite de PECQUIGNY mais ces derniers sont dans la généalogie d'Alphonse Brémond, le frère et la belle-sœur d'Alix (Jeanne).

Selon la généalogie dressée par Alphonse Brémond, Alix (Jeanne) a pour parents le couple Jean de MAILLY x Jeanne de PICQUIGNY mais pour Eugène Bachart, il s'agit des grands-parents d'Alix (Jeanne)

J'aurais plutôt tendance à suivre la généalogie d'Eugène Bachat qui précise mieux ses sources et par ailleurs me semble plus complet mais j'observe qu'une majorité de généalogies internet semble reprendre celle d'Alphonse Brémond. Je me demande si depuis a été retrouvé des documents pour valider une version ?

Raphael

Il est écrit p.52 du livre d'Eugène BACHAT "Maison de BEAUFFORT en ARTOIS‎" (1925)
https://www.yumpu.com/fr/document/read/6353...ffort-en-artois
Froissart de BEAUFFORT "épousa Alix (alias Jeanne) de MAILLY, fille de Messire Colart, seigneur de Lorsignol et de Marguerite, fille du Baron de PECQUIGNY"
L'auteur dit se référer à une généalogie dressée ~1640 par le Père Jacquet, ce dernier contrairement à l'auteur aurait eu le contrat de mariage sous les yeux.
Par la suite Eugène Bachat précise "Le dit Colart était lui-même fils de Jean de MAILLY dit "Maillet" et de Jeanne de PECQUIGNY.


Il est écrit p.152 du livre d'Alphonse BREMOND "Histoire généalogique de l'ancienne et illustre maison de BEAUFFORT d'Artois" (1876)
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5516...tem.r=PICQUIGNY
"Froissard avait épousé Jeanne-Alix de MAILLY, fille de Jean de MAILLY, seigneur de Lorsignol, et de dame Jeanne de PICQUIGNY"
On lit également p.153, Colart de BEAUFFORT (un des fils de cette union) eu pour parrain son oncle, Colart de MAILLY, époux de Marguerite de PICQUIGNY.

[cchevalier]

Bonsoir,

A ce niveau, ce n'est plus de la généalogie, mais de l'histoire. Perso, j'ai pas les compétences pour analyser, critiquer les publications et autres nobiliaires. Je suis totalement dépassé.
Les pièces justificatives originales ont quasi toutes disparues, reste les retranscriptions de 3ème ou 4ème main.
J'ai plus confiance dans les manuscrits du XVIème siècle qu'aux études du XIXème.
Sous l'ancien régime, vu l'avantage fiscal que procurait la noblesse, je pense que les études du cabinets des titres sont plus fiables que les livres de commandes de familles du XIX en mal de reconnaissance sociale.
Cependant, la vérité est entre tous ces généalogies et documents.
Il y a un travail de reconstitution à mener.

La logique doit pouvoir nous donner une solution.
Le couple de BEAUFFORT x de MAILLY doit avoir 3 enfants, 2 filles et 1 garçon, c'est ce qui à de plus logique. ça colle avec d'Hoziers et Louviers.



Pour ma part, c'est le côté ludique qui m'attire sur l'analyse de cette famille. En plus elle permet d'aller voir du côté des rois de France, d'Angleterre, de Charlemagne.

Cyril

[jvasseur]

Bonjour Cyril,


En ce qui concerne la véracité des titres et des généalogies, étant donné l'avantage fiscal que procurait la noblesse, les fraudes sont nombreuses depuis la nuit des temps pour s'exonérer des tailles et redevances diverses.

Vous connaissez probablement les faussaires les plus connus du XVII° siècle, Pierre-Albert & Jean DE LAUNAY.

"Résidant dans les Pays-Bas du milieu du 17e siècle, ces deux frères sont faussaires, spécialisés dans l’héraldique – la science des blasons, les emblèmes qui distinguent une famille. En falsifiant des documents, ils créent des lignées prestigieuses à leurs clients en quête d’élévation sociale, à une époque où le rang qu’on occupe a une importance centrale. Tous les moyens sont bons : ils utilisent de faux sceaux, imitent des signatures, grattent et repeignent des écus, remplacent des noms par d’autres… Les deux frères produisent d’excellentes contrefaçons et multiplient les supports (attestations de noblesse, arbres généalogiques, peintures, lettres…), ce qui les rend célèbres. Domiciliés à Bruxelles, les de Launay qui se revendiquent « hérauts d’armes » sont sollicités dans toute l’Europe dans les années 1650-1680.

P.A. et J. de Launay sont les premiers bénéficiaires de leur travail. Ils s’inventent des seigneuries, des offices, des ancêtres et des armoiries pour faire évoluer leurs généalogies. Jean va même jusqu’à récupérer un portrait de Michel de Montaigne, en y faisant peindre ses armoiries pour en faire un de ses ancêtres. Ces pratiques leur permettent de s’élever socialement, tout en créant des « preuves » qui mettent en confiance et séduisent leurs clients. Mais quand la justice s’en mêle, les choses se gâtent pour nos imposteurs. Mis en cause dans plusieurs procès à partir de 1643, ils sont condamnés pour escroquerie et falsification en 1673, 1683 et 1687 par les autorités françaises et des Pays-Bas. Jean est même exécuté le 17 mai 1687."

Voir Dominique DELGRANGE, « Une culture du faux. Les frères de Launay, faussaires héraldiques du 17e siècle », Dix-septième siècle, n° 291, 2021/2.


Sans aller jusque là, nombre de généalogies sont plus ou moins complaisantes et fourmillent d'erreurs plus ou moins volontaires. Que ce soit chez LA CHESNAYES-DESBOIS, LA MORLIERE, LE PEZ, LE CARPENTIER ou bien encore DHOZIER. Les faux actes fourmillent depuis le Moyen-Age, en provenance directe bien souvent des scriptoriums des abbayes.

Voir par exemple le Généalogie de l’illustre maison de Bailleul établie et publiée en 1647 par le généalogiste Pierre d’Hozier.
Nicolas de Bailleul, parlementaire et homme de cour, fut présenté par le généalogiste Pierre d’Hozier comme un descendant de Gilles de Bailleul qui avait accompagné Guillaume de Normandie dans sa conquête du royaume d’Angleterre en 1066… Mieux encore un autre texte (Postérité chrétienne des Bailleul) établissait une parenté avec le Roi Louis XIII en personne. Un grand robin cousin du roi voilà sans doute qui n’était pas ordinaire. Peu importait que le cousinage fut fictif : l’important était de proclamer symboliquement la proximité voulue avec le monarque et de se placer au niveau de la vieille noblesse avec laquelle il était utile de développer des alliances.

Notons que lorsque Louis XIV demanda à Charles-René d’Hozier, propre fils de Pierre d’Hozier, d’établir les origines des familles du Parlement de Paris, le fils désavoua la complaisance de son père sur la fausse généalogie des Bailleul.

Voir notamment Christian Maurel « Construction généalogique et développement de l’État moderne. La généalogie des Bailleul » Annales ESC, 1991.


En ce qui concerne la place dans l'histoire des familles de PICQUIGNY - de MAILLY - de BEAUFFORT, on a la chance effectivement d'avoir des familles de haut lignage qui ont côtoyé les Grands de ce monde, rois ou papes.

Voir par exemple

¤ Des partisans de Charles le Mauvais : les Picquigny - Article de Suzanne Honore-DUVERGE, Bibliothèque de l'École des chartes Année 1948 107-1 pp. 82-92
https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_194...um_107_1_449386

¤ Marie-Anne de Mailly-Rubempré, marquise de Coislin, maîtresse de Louis XV, née le 17 septembre 1732 et morte le 13 février 1817 à Paris.
Écartée par la marquise de Pompadour qui la craignait, elle est délaissée par le roi. Elle quitte alors la Cour et entreprend un voyage à travers l'Europe, durant lequel elle devient, entre autres, la maîtresse du roi Gustave III de Suède, ainsi que celle du tsar Pierre III de Russie.
Elle fut également l'amie et la confidente de Chateaubriand.
https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article7075


On est pas à l'abri de retrouver un jour des titres ou documents ignorés de nos généalogistes à leur époque en ce qui concerne ces familles de MAILLY - de BEAUFFORT, de PICQUIGNY. Restera alors à juger de l'authenticité ou pas de ces écrits.
Mais on peut d'ores et déjà affirmer que sur les millions d'archives de la Bibliothèque Nationale et des Archives nationales, quelques unes n'ont pas livré tous leurs secrets !

Sans compter en ce qui concerne notamment l'Artois, les archives de l'Etat en Belgique (fonds du grand conseil de Malines, Fonds français, Archives de familles, etc...)


Cordialement,
Joël