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> les Acadiens de Boulogne (et de Belle Ile)
dlarchet
posté 17/05/2011 à 23:04
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bonsoir,
pour éviter de "charger" inutilement le sujet BOURG X HENRI, et vu qu'il s'agit là de renseignements annexes ne concernant pas uniquement la famille BOURG, voici quelques renseignements glanés il y a plusieurs années (+ de 15ans) sur des sites qui n'existent peut-être plus sous les mêmes liens . Il s'agit donc d'extraits de ma propre documentation;

depuis le site "FRANCOGENE"

Un peu d'histoire
L'Acadie tire son nom de l'Arcadie, une région de la Grèce antique. Ce nom lui fut donné par un navigateur qui fut impressionné par la beauté du paysage. Selon une autre source qui semble moins fiable, le nom viendrait plutôt de la désignation par le mot Cadie des petites maisons des Acadiens; cette hypothèse semble non fondée car le nom de l'Acadie a précédé son peuplement. Notez que le mot Acadien est devenu Cajun en Louisiane, la prononciation anglaise expliquant la nouvelle graphie (Acadien - Acadjunn - Cajun).

Le peuplement de l'Acadie débute un peu avant celui du Québec, avec la fondation de Port Royal en 1605, mais s'interrompt en 1629 et recommence à zéro (sauf une famille) en 1632. Sauf quelques brèves périodes d'occupation britannique, l'Acadie demeure française jusqu'en 1713. Elle comprend alors les actuelles provinces maritimes du Canada (Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Île du Prince Édouard alors appelée Île St-Jean) et une partie de Terre-Neuve. En 1713, une partie de l'Acadie est cédée définitivement à l'Angleterre, soit la Nouvelle-Écosse à l'exception du Cap Breton où se situe la forteresse de Louisbourg. Ce qui correspond au Nouveau-Brunswick a été revendiqué par la France et l'Angleterre, mais est contrôlé jusqu'en 1755 par les Français.

Les Acadiens continuent à cultiver les terres de la région jusqu'en 1755, alors qu'un gouverneur anglais décide de donner les terres aux colons britanniques et ordonne en conséquence la Déportation des Acadiens (le Grand Dérangement). En 1755, 7 000 Acadiens sont entassés sur des bateaux et envoyés dans les colonies américaines. Certains auteurs estiment que la moitié de ces Acadiens ne survivent pas à la Déportation. 10 000 autres réussissent à fuir vers l'Acadie française, mais lorsque les forts français tombent, beaucoup d'entre eux seront tués.

Une période de confusion a suivi. On a retrouvé par la suite les Acadiens dispersés en Angleterre, puis en France d'où plusieurs sont repartis vers la Louisiane (surtout vers 1785) ou les Îles St-Pierre et Miquelon. Une partie de ceux qui ont fui par les terres se sont retrouvés au Québec. La principale concentration est au nord du Nouveau-Brunswick.

Très peu de registres ont survécu au Grand Dérangement. La généalogie acadienne est donc souvent accompagnée de points d'interrogation: beaucoup de rattachements sont hypothétiques.


bonne lecture
danielle
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dlarchet
posté 17/05/2011 à 23:05
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TITRE : LES ACADIENS
Nom de l'auteur : FONTENEAU Jean Marie
Editeur : OUEST FRANCE Année d'édition : 1978 n°ISBN 2-7373-1880.7 Références MEDIATHEQUE 971 FON
date de lecture : 5/97

Page 19 :
Ce sont les Abénakis et les Micmacs qui tinrent la place la plus importante dans l'histoire de l'Acadie Française, en ayant des positions différentes. Les Abénakis constituaient une sorte de rempart entre la colonisation française et l'avancée des Britaniques vers l'Acadie. Les Micmacs, au coeur même de l'actuelle Nouvelle Ecosse, eurent jusqu'en 1713 une attitude cordiale assez passive, mais toujours amicale et dévouée. Il semble qu'ils aient alors accepté la christianisation avec vienveillance sinon avec enthousiasme. Après 1713, lorsque les Français se retrouvèrent sous la domination anglaise, les Micmacs eurent un rôle de bouclier protecteur, d'intermédiaires et d'alliés efficaces dans de difficiles situations. Ils devinrent même pirates et capturèrent plus de cent navires entre 1713 et 1760, ce qui leur valut le surnom de "guerriers des mers" (Robert SAUVAGEAU in revue "les amitiés acadiennes", n°68, 1994

Pages 90/91 Partie du RECENSEMENT DE 1730 citée dans ce livre :

TRAHANT Pierré né le 9/6/1696 à PIGIGUIT
PITRE Claude né le 3/5/1700 à PORT ROYAL
LEBLANC Jean né en 7/1703 à ST CHARLES AUX MINES
LEBLAC Honoré né le 21/10/1710 à LA RIVIERE AUX CANARDS
MELANSON Jean né le 14/9/1710 à PORT ROYAL
RICHARD Pierre né le 15/11/1710 à PIGIGUIT
MELANSON Pierre né en 10/1715 à LA GRAND PREE
LEBLANC Jean Baptiste né en 1716 à LA GRAND PREE
LEBLANC Charles né en1718 à LA GRAND PREE
POIRIER Joseph né le 5/10/1719 à BEAUPASSIN
LEBLANC Joseph né en 4/1722 à LA GRAND PREE
TRAHAN VINCENT Pierre, né en 6/1723 à PIGIGUIT
DOUARON Alexis, né en 6/1723 à PIGIGUIT ASSOMPTION
LEBLANC Claude né en 10/1723 à ST CHARLES AUX MINES
TRAHAN Silvain, né en 1724 à PIGIGUIT ASSOMPTION
AUCOIN Alexandre né le 10/8/1725 à COQUEBID
LEBLANC Simon, né le 7/5/1726 à LA GRAND PREE
DAIGRE Honoré, né le 6/1/1726 à LA RIVIERE AUX CANARDS
LEBLANC Jean Baptiste né le 30/10/1726 à LA GRAND PREE
GRANGER Jos-Simon né le 23/12/1727 à LA RIVIERE AUX CANARDS
DUON Cyprien né le 1/4/1729 à PORT ROYAL
BOUDROT Félix né le 4/4/1729 à PIGIGUIT
GRANGER Jean Baptiste, né le 27/9/1729 à LA RIVIERE AUX CANARDS
LEBLANC Joseph né le 7/5/1730 à LA GRAND PREE
DOUARON Jean né en 3/1730 à PIGIGUIT ASSOMPTION



p 236/237 et 238 Généalogies dressées par l'Abbé Le Loutre à Belle Ile à partir de Février 1767 + voir les références de notes dans la bibliographie (photo)

P255 : lettre du Baron WARREN à l'Abbé LE LOUTRE, en PS, WARREN donne une liste d'acadiens qui risquent de devoir abandonneur leur concession (à BELLE ILE)à moins d'être promptement aidés : ... Honoré Duon (57) de Marta, qui partira en 1777, Alexandre AUCOIN (49) de Calastren, qui partira de BELLE ILE en 1778, Pierre Boudrot (52) de Kernest, qui ne partira pas...
l'Abbé LE LOUTRE est inhumé dans l'Eglise St Léonard de NANTES, il est agé d'environ 61 ans., la lettre en question ne lui est jamais parvenue, et pour cause !


P 268
A partir de 1767 plusieurs Acadiens arrivèrent à Belle Ile librement, en dehors de tout contrat et de tout projet, parce qu'ils avaient des parents sur l'Ile ou bien parce qu'ils en avaient entendu parler, en bien, et qu'ils se trouvaient désireux de s'y installer.

.00Ces acadiens " supplémentaires" ne figurent sur aucun mémoire, n'entrent dans aucune statistique et ne participent pas aux recensements, puisqu'ils ne font pas partie de la liste initiale de novembre 1765. Ils ne sont donc pas afféagistes, mais cela ne les empêchera pas, pour certains, de pouvoir acquérir des concessions.

J. Baptiste HEBERT, charpentier, et son épouse, tisserande, viennent à B.I. avec leurs enfants : J. Pierre 20 ans, marin, Anne 16 ans, Marie, 14ans. Ils retrouvent de la famille puisque pas moins de douze Hébert sont arrivés à BI en 1765

Michel BOUDROT, né en 1741 à l'Ile St Jean, arrive à BI après les 78 familles, et le 25/1/1769, il épouse la fille de Françoise LEBLANC, Vve GRANGER, afféagiste n°7, Marie Anne GRANGER. Ils s'installent à KERNEST, fondant en quelque sorte la famille 79. Ils auront 7 enfants.

Hyacinthe AUCOIN, frère d'Alexandre AUCOIN (n°49) arrive avec son épouse, Françoise CANIVET et leur fils Francois-René agé de 2 ans.

Jean FOUQUET, laboureur, et sa femme, née Marguerite Quénine (ou Kimine), sont nés à l'Ile St Jean, viennent de St Pierre et Miquelon à bord du ROI DAVID, avec Charles
FOUQUET, frère de Jean, 15 ans laboureur, et leur fille Marie Charlote. Ils débarquent à PORT LOUIS en 3/1768 et viennent à BI, mais en 1782 ils sont à NANTES er demandent à retourner à ST PIERRE

De St Pierre et Miquelon et Port Louis, viennent également Barthélémy COSSET, son épouse née Françoise GALLET, son Frère Guillaume GALLET et leur fils Jean.
Le cas de Marie GAUDET est plus étrange. Elle est arrivée avec son père, Pierre GAUDET. Et sa mère, Anne GIROUARD, à bord de la Félicité, venant de Miquelon. Ils débarquent à St Martin de Ré en 1767. Anne meurt en 1770 à LA ROCHELLE. Comment Marie s'est-elle retrouvée à BI, à l'age de 14 ans ? qu'est elle devenue ?

Jean Arsenault, veuf de Madeleine BOUDRONT, belle soeur de Pierre BOUDROT, afféagiste n° 52, vient à bi avec ses deux fils, Jean et Basile. Il reprend en 1768 l'afféagement consenti au village de Donnant à François THOMAS. Sa fille Marie, qui se trouve alors à MIQUELON en 1767 chez sa grand-mère, arrive à BI en 1768, mais Jean ARSENAULT père se noie le 8/9/1768 sur un chasse marée, devant la citadelle de BELLE ILE. Les enfants mineurs passent sous la tutelle de Pierre BOUDRONT, et, en raison de leur bas âge, doivent renoncer à leur Concession.

Basile ARSENAULT se marie à LA ROCHELLE en 1780. Marie épousera Paul TRAHAN (famille n'°48) en 1786. Quand à Jean ARSENAULT Fils, il retourne à MiQUELON dès février 1767.

Jean DEVEAUX, charpentier, et sa femme, Michèle viennent de ST MALOavec un jeune cousin, Joseph CARRET, agé de 7 ans.

D'autres noms se retrouvent au cours de certains acte comme celui de Charles BOUDROT, qui avec sa femme, Magdeleine CHIASSON, et quatre enfants, est venu s'installer à BI, arrivé de St Pierre et Miquelon en 1769. Ou bien celui de Magdeleine POIRIER fille de Claude POIRIER dit "GODICHE" venue de St Pierre à bord du ST JACQUES ou celui de Marie Marguerite MAGNE qui fut "enrolée avec les acadiens de cette ile"..



Les contrats d'afféagement de 1767 portaient une "échéance"... les afféagistes ne pouvaient vendre, aliéner et hypothèquer les terres avant le 1/1/1776 à peine de nullité des dits contrats.
En 3 ans 18 familles vont vendre leurs terres et quitter l'Ile :

DAIGRE Jean Charles, aff n°28 à KERZO, 37 ans, et son épouse Marie Joséphe THERRot, 33 ans et leurs enfants. Jean Charles vend sa concession à son frère Honoré (N° 25) de Chubiguer, le 12/1/1776 et la famille quitte BELLE ILE pour VANNES.

DAIGRE Paul, aff n°29 à CHUBIGUER, lui aussi vend sa concession à son frère Honoré, mais il a quitté BELLE ILE dès 1773 pour LORIENT. Il est militaire, gardien de batterie, ce qui explique sans doute son départ. Il sera à VANNES en 1785/1786 à L'ILE ST MICHEL en 1792 et décèdera à LORIENT en 1808

BABIN Joseph, famille n°65 DE LOQUELTAS ve,d sa cp,cessop, le 10/6/1776 à Toussaint RAVENEAU. Il quitte BI avec sa femme et SES 8 enfants, et nul ne sait ce qu'ils sont devenus.

TRAHAN Joseph, famille n°36 à KERGUENOLE vend le 16/9/1776 à Charles LEDUC. Toute la maison quitte BI sans doute avec l'intention de partir pour l'Amérique. Ils s'installent à PAIMBOEUF, où Joseph meurt 2 ans plus tard et où sa fille Madeleine se marie. La veuve de Joseph et cinq de leurs enfants s'embarqueront pour la Louisiane en 1785.

GENDRE Abraham, n°73 à KERZO, vend à Laurent LEPORT le 18/2/1777 et quitte BI pour retourner à ST SERVANT d'où il venait avec sa femme et sa fille.
DOUARON Jean, famille 67 à BORTHERO vent le 21/2/1777 à Luc BEDEX, mais ils ont déjà quitté BI, Pour quelle destination ? sans doute la région de Nantes, puisque son épouse décède à PAIMBOEUF et que, devenu veuf il s'embarque avec une de ses filles pour la Louisiane .

GRANGER Mathurin, afféagiste n° 5 0 KERGOYET quitte l'ile en 1778 avec sa femme et ses 7 enfants après avoir vendu sa concession à Simon FECHANT, le 8/3/1779. Toute la famille s'installe à PAIMBOEUF, mais personne ne partira en Louisiane
TRAHAN Jean Baptiste, famille n'°42 de BORMENAHIC vend sa concession au sieur LHERMITE et disparaît de BI avec sa femme et 7 enfants. Ils partiront pour la Louisiane avec 4 enfants

DUON Honoré,famille n°57 à MARTA vend le 10/10/1777 à Nicolas MARCHAND. Il a eu 9 enfants donc 5 à BI. Ils partent tous pour Nantes et 5 d'entre eux iront en Louisiane.
LEBLANC J.B. famille n°18 à KERNEST,vend le 13/11/1777 à LAMY Augustin et disparaît de BI. 5 de ses enfants, tous nés à BI partiront pour la Louisiane.

TRAHAN Chrysostome, afféagiste n'°38 à KERLAN, vend sa concession comme ses frères Pierre-Simon et Joseph. Elle est acquise le 3/11/1777 par Charles THOMAS. La famille quitte BI et part en 1785 pour la Louisiane?

TRAHAN Pierre, famille n'°45 de CALASTREN, vend à Cyprien DUON (n°56) de CALASTREN qui agrandit ainsi son territoire le 22/9/1777. P. Trahan qui a eu 11 enfants quitte BI et part pour la Louisiane avec son épouse et 6 de leurs enfants

AUCOIN Alexandre, afféagiste n°49 de CALASTREN, vend à Jean LANDRY, fils de Marie Rose RIVET, famille n°70 à BORDROUANT le 3/11/1777. La famille quitte BI et part pour la Louisiane, mais ALEXANDRE décède avant d'embarquer.

BOUDROT Félix, afféagiste n'°50 à BORDERUN, quitte BI après 1777. Part seul pour la L. On ne sait ce que deviennent son fils Joseph et sa fille Félicité. On ignore également qui reprend sa concession.

THIRNAY Jean, famille n'°77 de KERVARIGEON, décède en 1772 et la veuve part avec ses 3 enfants à MORLAIS. La propriété est vendue le 20/1/1777 et acquise par Pierre LEQUELLEC et la veuve LEGOFF

TRAHAN Pierre N°41 à GOUELAN, vend à Etienne LANCO le 4/3/1778 et disparait de BI
DAIGRE Simon Pierre, famille n'°27 à KERVELLAN, vend sa concession à Jean Patrice PERRON le 12/10/1778, ils (son épouse Marie Madeleine THERIOT) ont eu 5 enfants à BI. Ils partent s'installer à PAIMBEOUF où, devenu veuf, Il se remarie avec Anne MICHEL et devient aubergiste. Partent pour la Louisiane avec 7 enfants.

Plus loin...
TRAHAN Joachim (famille n°40) de MAGOURIC quitte BI avec sa femme, Marie DUON et 5 de leurs enfants, il laisse sur ses terres ses fils Joseph 25ans, Simon, 23ans et
filles... Marie DUON ne verra jamais le MISSISSIPPI, elle meurt à NANTES, à quelques jours de l'embarquemen0t en 1785



conclusion :
ne surtout pas oublier que ce livre traite essentiellement des Acadiens de BELLE ILE
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dlarchet
posté 17/05/2011 à 23:07
Message #3


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From: "Lanoue" <lanouegc@>
To: <CG22>
Sent: Monday, July 15, 2002 3:58 AM
Subject: [CG22] Déportation


Bonjour,

En ce qui concerne la déportation des Acadiens, ce que certains ont appelé
le «Grand Dérangement»... Ce sont des Acadiens qui ont été déporté donc ils
venaient non du Québec mais de l'Acadie. Elle fut conquise par les Anglais.
Les Anglais ont rassemblés les Acadiens, les ont mis sur des bateaux et les
ont expédié en Nouvelle-Angleterre, c'est à dire Massachusetts, Connecticut,
Virginie, Carolines, Louisiane etc., certains en Angleterre, d'autres ont
fini par arriver à St-Malo et Morlaix. Certains ont peuplé Belle-Ile en mer
où leurs descendants y vivent encore.

Gaétan Lanoue
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dlarchet
posté 17/05/2011 à 23:13
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Extrait de la revue "Nos racines "

... // En 1681 la famille quitte Port Royal pour la Baie des Mines, un territoire incluant, entre autres, la Rivière aux Canards et Grand-Pré. Louise, Agnès, Alexis et Cécile y viendront au monde.
Martin Aucoin et Marie Gaudet sont encore fixés à la Baie des Mines au moment du recensement de 1686. Ils s'y donnent tous les deux 35ans, sont les parents de huit enfants et les propriétaires d'un fusil, de 15 bêtes à cornes, de 10 moutons et 6 cochons. Ce patrimoine, comme la famille, s'enrichira au fil des ans : Anne Marie, François, Pierre, René, Catherine et Antoine auront cette partie d'Acadie pour patrie. En 1695, les Aucoin, Aucon, Coing ou Aucoing, qui manifestement ne craignent pas les déplacements, vont rejoindre leurs compatriotes acadiens établis sur les terres fertiles de Grand-Pré. Jean et Charles viendront compléter le cercle de famille; Le premier naissant en 1698, le second en 1700.
En moins de trente ans, Marie Gaudet a donné naissance à seize enfants dont treize feront alliance avec les grandes familles acadiennes. Ils en connaîtront le tragique destin. On peut reprocher à Martin et à Marie d'avoir péché par excès d'humilité. On ne les a pas vu vivre et on ne les verra pas davantage mourir, sinon une courte phrase indiquant que, le 11 mai 1711, au retour de la messe qu'il avait entendue à l'église paroissiale de Grand-Pré, Martin Aucoin fermait les yeux pour toujours, ayant "vécu fort chrétiennement et avec édification". On ne connait pas la date du décès de Marie Gaudet.
Pour certains descendants du couple, la longue migration, le lent dérangement, débute en 1750 et se poursuivra jusqu'en 1758. Les Aucoin, fils et filles iront de Grand-Pré à l'Ile Royale et à l'Ile Saint-Jean. Pressentant le pire, René Aucoin et sa femme, Madeleine Bourg, rédigent leur testament à la Rivière-aux-Canards, le 28 juillet 1754. Ce partage est consenti par le couple qui a vu "avec peine et douleur que partie de ses biens sont situés sous la domination d'Angleterre". Malheureusement, leurs enfants ne bénéficieront pas de la donation puisqu'en 1755, ils seront déplacés et leurs octroyées aux fils de l'Angleterre.
Certains descendants des pionniers seront déportés en Virginie, d'autres, en Caroline du Sud et en Angleterre d'où ils repasseront en France. Jean Sauvageau les a suivis dans ce triste voyage où onze familles ont disparu sans laisser de traces. Certaines de celles qui s'étaient réfugiées en France, revenaient en Amérique, s'abriter sous le drapeau français de la Louisiane. Le destin de ces familles étant de ne pas demeurer françaises, la Louisiane allait devenir américaine.
Au moins quatre chefs de familles descendant de Martin et de Marie Gaudet revenaient au Québec. Ils ont pris racine, péniblement, à Yamachiche, à Saint-Pierre-les-Becquet et aux Iles de la Madeleine. De là en 1943, ils se transplantaient avec quarante autres familles d'origine acadienne qui avaient choisi d'aller défricher l'Abitibi. Les Aucoin ne connaissent pas de frontières.//

Extrait de la Revue Canadienne "NOS RACINES" l'histoire vivante des Québéquois
Chapitre 65 - Année 1979
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dlarchet
posté 18/05/2011 à 00:01
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quelques sites (non vérifiés à ce jour ! ... le courrier date de 2002)

Quelques liens
Le site incontournable quand on parle de l'Acadie est celui du Centre d'Etudes acadiennes de l'Université de Moncton au Nouveau-Brunswick (Canada): http://www.umoncton.ca/etudeacadiennes/ (en français).
De ce site, en cliquant sur"autres liens", on accède à de nombreux liens classés par catégories, comme le très intéressant site de Tim Hebert http://www.genweb.net/acadian-cajun/ (en anglais).
Il faut citer le très riche site acadien (en anglais) d'Yvon Cyr à http://www.acadian.org/ qui comporte un nombre impressionnant de liens vers des sites très variés. A voir !
L'importante base de données (en anglais) de Joe Hebert où figuraient les généalogies acadiennes du présent site, n'est malheureusement plus en service.
Parmi les Acadiens de Boulogne on trouve, entre autres, des Gautreau (voir le site de l'association des Gautreau de France à http://perso.club-internet.fr/m_gautre/) et des Lavache (voir le site de la famille Lavache à http://people.ne.mediaone.net/tlavash/ en anglais).
-----------------------------

extrait d'un message d'Evelyne
Pour les Aucoin du Québec, il y a un yahoo groupe France Québec, mais on est
submergé de messages
. J'ai brièvement remonté les Aucoin québecquois.
Veux-tu ce que j'ai ? Un autre site utile , sur lequel tu trouveras de
l'histoire et la liste des acadiens arrivés à Boulogne et la liste de ceux
envoyés par la suite de Boulogne à St Servan :

http://brhaffre.fr/1_acadie.htm
http://brhaffre.free.fr/fam00059.htm (les AUCOIN)
Site très bien fait.
(bruno Haffreingue)

----------------------------

> Visitez Racines et Rameaux Français d'Acadie :
> http://come.to/rrfa
> -------------------------
> André Thomas
> Vice Président
> Racines et Rameaux Français d'Acadie
> Petit-Cosquet
> F-56360 Bangor
> Belle-Ile-en-Mer
> France
> fax: (33) 0297314968
-----------------------------------

White : Dictionnaire généalogique des familles acadiennes

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dlarchet
posté 25/07/2011 à 16:34
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une petite suite dans un document de E. DESEILLE archiviste de la ville de Boulogne :

L'Acadie
Fondée en 1604 par Pierre du Gua de Monts et Samuel de Champlain, l'Acadie,
province de la Nouvelle France, est à l'origine un comptoir établi pour la pêche à la
morue et la traite des fourrures au Canada. Après des débuts difficiles, l'Acadie devient
une colonie permanente à partir de 1609. Pendant toute la fin de ce XVIIème siècle, des
colons issus de diverses régions de France (Poitou, Normandie...) partent s'établir au
Canada dans ce qui deviendra la Nouvelle-Ecosse et le Nouveau-Brunswick.
De Port-Royal, port d'arrivée et capitale de l'Acadie, les immigrants essaiment vers
Beaubassin puis la région des Mines (l'actuelle baie de Fundy) à l'écart des incursions
armées britanniques. Ils y vivent cependant une existence heureuse et libre pendant une
centaine d'années.
Aprement disputée par la France et la Grande-Bretagne, l'Acadie tombe sous la coupe
britannique en 1713 lors du traité d'Utrecht. Pendant cinquante ans, les Acadiens vont
alors louvoyer entre les exigences du pouvoir britannique et leur désir de rester
français...
Le Grand Dérangement
Désireuse de s'approprier les riches terres des Acadiens, la couronne britannique
échafaude un projet de déportation de la population d'origine française de la province.
Les "french neutrals" sont, en effet, vus comme des ennemis potentiels et, de ce fait,
jugés indésirables...
Dès 1750, le pouvoir britannique devient de plus en plus pressant envers les Acadiens: il
exige d'eux un serment d'allégence sans condition à la couronne d'Angleterre.
Souhaitant rester à l'écart du conflit anglo-français, les Acadiens commencent à émigrer
en nombre vers les territoires des Iles Saint-Jean (actuelle Ile du Prince-Edouard). Le
recensement du sieur de La Rocque effectué en 1752 sur les Iles Saint-Jean et Royale
(actuelle Ile du Cap-Breton) nous conserve la mémoire des noms de ces quelques deux
mille réfugiés...
En septembre 1755, le pouvoir britannique, poursuivant sa logique d'épuration
éthnique, commence à déporter les Acadiens des villages de Grand-Pré et de la région
des Mines (Piziquid, Cobequid, la Rivière-aux-canards...). Entassées dans de vieux
navires, les familles acadiennes désunies sont expédiées vers les côtes de la Nouvelle-
Angleterre.
En juillet 1758, ultime phase du plan anglais d'appropriation de l'Acadie, l'armée
britannique s'empare de la place-forte de Louisbourg sur l'Ile Royale, dernier bastion
de la présence française dans cette province. Le destin des Acadiens est alors scellé !
En septembre, embarqués sur une dizaine de vieux vaisseaux dans des conditions
inhumaines, les derniers Acadiens sont envoyés vers l'Angleterre et la France. Deux
navires sombrent corps et biens pendant le voyage. Un grand nombre d'autres exilés
succombent aux privations, aux maladies...
C'est ainsi environ dix mille Acadiens qui sont chassés de ce qui fut leur paradis. De ces
dix mille, cent soixante-dix-neuf arrivent dans le petit port de Boulogne-sur-Mer le 26
décembre 1758 "forcés par la tempête" au lieu de Saint-Malo, leur destination
primitive...
Siège d'un évêché depuis 1567, Boulogne-sur-Mer compte en 1758 quelques 8000
habitants. C'est une petite ville aux moyens limités où l'on trouve aussi une
sénéchaussée, une amirauté, un gouverneur militaire. Boulogne est le siège également
d'un important pélerinage à l'image miraculeuse de la Vierge conservée en la cathédrale,
pélerinage qui a vu la venue de plusieurs rois de France depuis Louis XI en ses murs.
La haute-ville ceinte de remparts médiévaux abrite autour de la paroisse Saint-Joseph,
une population essentiellement d'ecclésiastiques, de nobles, rentiers et militaires, avec
leurs domesticités. En 1781 on en comptera 1974 dont 300 domestiques.
La basse-ville de Boulogne, domaine des négociants, marins et artisans, est le siège de
l'église Saint-Nicolas, unique paroisse de la zone, et du port. D'accès difficile à marée
basse, ce dernier végète à cette époque: la pêche y est l'activité principale.
Le dernier tiers du siècle, la période révolutionnaire et surtout plus tard l'établissement
du Camp de Boulogne par Napoléon verront se réveiller le port de la ville pour devenir
au XIXème un centre d'activité de premier plan.
Les Acadiens à Boulogne (1758-1764)
"Les Canadiens (Acadiens) sont arrivés icy de l'Acadie le 26 décembre 1758 et sont
partis le 22 novembre 1764 pour la Cayenne, dans le vaisseau nommé Les deux Frères,
appartenant à MM. Guillaume et Jean-François Coilliot", etc.
Ainsi s'exprime Jacques Cavillier, l'unique contemporain qui, à ma connaissance, ait
parlé de cet évènement intéressant à plusieurs titres.
Pour trouver des renseignements sur le nombre des expatriés et sur leur séjour en notre
ville, il faut parcourir un grand nombre d'actes déposés aux archives communales, dont
le dépouillement attentif permet d'ajouter à la note si concise des chroniqueurs
boulonnais, que les Canadiens (Acadiens) au nombre de 179 transportés par les ennemis
de l'Etat, et qui habitaient en majorité sur la paroisse de St-Pierre et St-Paul, en l'île St-
Jean, avaient été forcés par la tempête d'aborder à Boulogne.
Peut-être m'excuserait-on si, à propos de cet épisode du grand drame colonial, je
répétais ce que l'histoire a dit de la lutte qui amena 1a perte de la colonie française par
excellence, et si je m'indignais contre la barbarie que les Anglais renouvelèrent au
XVIIIe siècle d'une déportation en masse de vaincus dont l'indomptable amour pour la
mère patrie était le seul crime; mais cette répétition, si intéressante qu'elle pourrait être,
n'en serait pas moins une répétition et je comprends différemment le devoir des
travailleurs de province. S'ils veulent être utiles, qu'ils disent simplement ce que
personne n'a dit, ce qu'ils peuvent dire sur le témoignage de documents non connus;
n'eussent-ils que deux lignes de texte nouveau, ces deux lignes s'ajouteront au trésor de
l'histoire, tandis qu'en agissant différemment ils restent des compilateurs dont tout le
mérite est dans1'habilité de démarquage, habileté que quelques-uns poussent assez loin.
Ne les troublons pas plus que leur conscience ne les trouble en leur petit métier et
revenons aux Canadiens.
La date d'arrivée, précisée par Jacques Cavillier, reçoit une espèce de confirmation dans
un acte de décès, inscrit sur le registre de l'hôpital le 27 décembre 1758. Il y eut dès le
lendemain une première victime: les autres allaient suivre à peu d'intervalle et dans une
proportion effrayante, comme nous le verrons bientôt.
Cent soixante-dix-neuf malheureux, tombés comme une charge supplémentaire sur une
ville déjà obérée, on conçoit l'embarras de notre échevinage. Logement, chauffage,
subsistance, il faut pourvoir à tout, et on a pourvu à tout, si nous en croyons le mémoire
de Deulin où est inscrit le prix du montage des lits et le salaire de six hommes qui
aidèrent à charger le bois porté aux Capucins pour les Canadiens.
Les bonnes âmes s'émurent aussi, et le bureau des pauvres étendit ses charités sur les
naufragés. Mais il était du devoir de nos magistrats de faire connaître à l'intendant de
Picardie que la Ville n'aurait pu continuer longtemps à subir une pareille charge qui
incombait au Gouvernement, et l'intendant leur répondait le 6 janvier 1759 de
s'entendre avec le subdélégué.
Que fut-il arrêté alors? D'après une lettre du 12 mars suivant, on apprend que les
Canadiens (Acadiens) assimilés aux troupes de garnison, recevaient une solde du roi, six
sous par tête, je crois, - et qu'ils étaient logés chez les habitants comme les soldats, avec
plus de gêne cependant, "à cause des femmes et des enfants".
C'est pour remédier à cet inconvénient du logement, à cette charge pouvons-nous
ajouter, car les Boulonnais avaient encore à supporter le régiment de Vierzet, que les
maire et échevins, sous la date du 12 mars 1759, écrivaient à l'intendant, s'il ne jugeait à
propos d'envoyer les Canadiens (Acadiens) dans les villes voisines, de les mettre à
Desvres "où ils trouveraient à vivre à bon compte et de l'ouvrage pour tous, soit aux
champs, soit dans les forêts, soit comme ouvriers d'une petite manufacture de frocs
établie depuis longtemps."
L'intendant comprend bien la sollicitude de nos échevins pour leurs administrés; mais il
ne veut pas que ce soit aux dépens des malheureux déportés. Il répond qu'il va examiner
la proposition. Il tient surtout à ne pas faire sortir les "Acadiens" de Boulogne sans les
mettre tout d'un coup en état de gagner leur vie, parce qu'il prévoit qu'ils cesseront de
recevoir les secours du roi dès qu'ils quitteront la Ville.
Ces secours étaient modiques, et devinrent insuffisants lorsque la maladie atteignit tour
à tour chaque famille exilée, épuisa toutes leurs ressources, tout leur crédit. Alors la
charité inspira à l'un de nos magistrats un système de comptabilité dont il fit plus tard
un aveu naïf à l'intendant d'Amiens, lorsqu'il lui écrivait le 22 février 1763, qu'il avait
reçu du caissier de l'octroi les sols accordés aux habitants de l'île St-Jean, comme si ces
habitants étaient restés au nombre de 179, car les sols de ceux qui mouraient servaient à
payer les dettes contractées dans leur maladie.
Dans cette colonie transplantée, il y avait des exilés de tout âge, depuis les vieillards
septuagénaires jusqu'aux enfants à la mamelle. Les misères supportées avaient débilité
leur corps: ils furent une proie facile pour la mort qui les faucha sans pitié.
Que pouvaient-ils faire pour gagner leur subsistance en une petite ville sans industrie
autre que la pêche et la course? La course de mer? Mais voilà ce qui va le mieux aux
jeunes gens valides: ils y trouvent 1es moyens de se venger contre les Anglais leurs
bourreaux. Tous n'ont pas la malchance de Joseph Dugast, l'un d'eux, embarqué comme
novice à bord du Corsaire la Marquise de Nazelle, qui, pour entrée en exercice, subit un
échouement, la perte de ses effets et le refus d'autres vêtements. Comment travailler à
peu près nu, au mois de février, à bord d'un bateau? La rigueur du temps le force à
quitter le Tréport où se trouvait le bâtiment et à venir chercher à Boulogne les secours
qu'on lui refusait. Fut-il soupçonné de désertion par l'armateur? A peine arrivé en notre
ville, il se rend chez le père de cet armateur qui promet d'en parler à son fils. Ce fils a
mauvaise tête semble-t-il. Du moins on apprend par une enquête que, se faisant suivre
de quatre fusiliers d'un prochain corps de garde, il se met à la recherche de Joseph
Dugast. Apprenant "qu'il se chauffe chez Mme Sauvage" il entre, sabre nu, dans cette
maison, et, sans explication, en porte deux coups sur le bras du novice. D'un troisième
coup il menaçait la tête, lorsque l'intervention d'un voisin sauva la victime d'une mort
certaine.
C'est du moins ainsi que Dugast raconte l'aventure; Mme Sauvage et deux autres
témoins ne parlent que des coups de sabre sur le bras, "dont le sang jaillit
abondamment." Dugast fut tellement saisi "qu'il n'eut la force ni de se plaindre ni de
crier." La bonne Mme Sauvage veut le protéger, mais, l'armateur, le fils Bray, l'insulte,
la menace, et oblige sa victime à le suivre chez son père.
Voilà bien un procédé de corsaire ?
Si tous les armateurs ne ressemblaient pas à celui-là, le métier présentait d'autres
dangers. Ainsi, on constate bientôt qu'il y a sept Canadiens (Acadiens) dans les prisons
d'Angleterre et nos registres de catholicité portent mention de services chantés pour le
repos de l'âme de deux d'entre eux "morts au service du roi" prisonniers de guerre.
Mais qu'étaient ces dangers qui avaient leur gloire, auprès de celui que les exilés
trouvèrent dans l'acclimatation? Jamais colons ne furent plus éprouvés!
Au lendemain du naufrage une première victime, un enfant de trois ans.
Le mois suivant; janvier 1759, sept décès frappant l'enfance et la jeunesse, de 9 mois à
18 ans.
En mai, une fille de 17 ans.
En octobre, une femme de 72 ans.
Ce n'est rien jusque là, mais une épidémie de petite vérole prend vingt sujets de la minovembre
à fin décembre et cinq dans le mois suivant, soit vingt-six décès sur les cent
soixante-dix réfugiés restant de la colonie, presque la sixième partie en deux mois et
demi.
Les naissances ne compensaient pas. A peine nés, les enfants semblaient voués à la mort
et six jeunes Acadiens, nés en notre ville, sont morts le 2e ou le 5e jour de leur naissance.
Que de deuils, coup sur coup, frappent parfois la même famille jusqu'à l'extinction!
Quels regrets alors pour le pays natal où ils vivaient, poussés de la terre où ils
mouraient.
L'année 1760 prit encore six victimes; trois en 1761, deux en 1762; quatre en 1763;
quatre en 1764; en totalité cinquante-six, triple dîme payée à l'acclimatation par les cent
soixante-dix-neuf naufragés de l'île Saint-Jean.
Et les alliances entre elles, que révèle la liste de ces familles (liste dressée d'après les
actes de baptême, de mariage et d'enterrement de nos paroisses) ont fait de leur séjour à
Boulogne un deuil continuel pour toutes, et dans ce deuil, la misère, l'amertume du pain
de l'exil, Sa Majesté toujours désireuse de réduire les secours que, du reste, elle devait
étendre à d'autres Canadiens (Acadiens) débarqués à Lorient. Oh! la pénible situation!
A Boulogne on s'en émut; pour leur venir en aide, on puisa même à la caisse de charité
du pays. Une somme de six cents francs fut prise dans la bourse des pauvres, afin de
soulager leur misère; on pria l'intendant d'autoriser que, sur le reliquat de compte
provenant de l'emprunt dont nous avons parlé ci-dessus, quand notre échevinage
percevait les sols des décédés, on dépensât ce qu'il fallait pour acheter des souliers et des
chemises aux plus pauvres, lors de leur départ de Boulogne.
En 1763, on parlait de Sainte-Lucie, où ils devaient être envoyés; mais d'après le livret
de Jacques Cavillier ils ne partirent que le 22 novembre 1764 pour la Cayenne. Le
capitaine Duhamel, du Tréport, commandait le vaisseau qui fit la traversée, déclarée
très heureuse, en 49 jours, sans maladie aucune.
Mais comme si la mort avait eu regret de n'avoir pas frappé les passagers, elle enleva le
capitaine dans son trajet de Cayenne à la Martinique.
Etaient-ils tous partis? N'y a-t-il pas dans notre population des descendants de ces exilés
ayant trouvé une nouvelle patrie et une nouvelle demeure familiale?
Je consulte les noms de ma liste et dès le second je rencontre un Firmin Aucoin qui, en
1785, se marie à Boulogne et qui devient le père de Mme Haffreingue-Aucoin dont l'un
des fils a le prénom du grand'père.
Il y a des Sauvé, et M. Ernest Quignon est le descendant de Quignon-Sauvé?
D'autres encore, sans doute, mais j'avoue mon ignorance à leur égard et il est sage de
temps à autre de dire : je ne sais pas. C'est une assez bonne conclusion et ce sera la
mienne.
Ernest Deseille, archiviste de la ville de Boulogne, 1887.
Des survivants des 179 Acadiens débarqués à Boulogne le 26 décembre 1759, un certain
nombre ne partit pas pour Cayenne en novembre 1764. Parmi ceux-ci, nous trouvons un
certain nombre de ces exilés qui embarquent pour Saint-Servan (à côté de Saint-Malo),
fin avril début mai 1766, sur le brigantin le Hazard commandé par le capitaine Jean
Patelle.
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ccanivet
posté 23/09/2016 à 16:12
Message #7


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Je suis en train de lire Le Retour des Acadiens d'Yves BOYER-VIDAL (2005)
Vous l'avez en larges extraits sur GOOGLE BOOKS mais je l'ai aussi en version papier
Le résumé généalogique est en annexe 4, non disponible sur GOOGLE

Le livre est centré sur la famille GOTREAU ou GOTROT, une des familles d'Acadiens de Boulogne
Bien sur, il évoque de temps à autres les autres familles acadiennes de Boulogne, notamment les AUCOIN (les témoins de remariage de Gervais GOTROT en 1780) et surtout la vie de la Basse Ville et des marins boulonnais

Je me permets de citer ce livre parce que l'auteur n'est pas avare de sources

A noter que le recensement de 1785 ne compte plus qu'une quinzaine d'acadiens à Boulogne

Ce message a été modifié par ccanivet - 23/09/2016 à 16:14.
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dlarchet
posté 23/09/2016 à 18:07
Message #8


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Citation (ccanivet @ 23/09/2016 à 17:12) *

Grand merci Christophe pour ce complément bien instructif d'après ce que je viens d'en lire.
Bien cordialement
danielle
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vlecuyer
posté 23/09/2016 à 21:46
Message #9


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Bonsoir,

il y a quelques années, j'ai fouillé les registres de Boulogne pour retrouver les membres de ces familles acadiennes au destin catastrophique (leur séjour à Boulogne fut une hécatombe). J'en avais également profité pour compulser directement les recensements acadiens et reconstituer les ascendances disponibles, qui croisent par endroit les natives comme les indiens Mi'kmaqs.

À cette occasion, j'ai noté plusieurs différences entre les registres et les publications "officielles", par exemple et sauf erreur de ma part :
Citation (dlarchet @ 25/07/2011 à 17:34) *
La date d'arrivée, précisée par Jacques Cavillier, reçoit une espèce de confirmation dans un acte de décès, inscrit sur le registre de l'hôpital le 27 décembre 1758.
cet acte de décès n'apparaît pas sur le registre de l'hôpital St Louis (5mi R160/11, devrait être sur la vue 1286)...

Le premier décès que j'ai retrouvé est celui de Simon LEPRINCE le 05/01/1759 en basse-ville, premier d'une très longue série (Hélène HACHÉ le 10/01, Marie Joseph MÉLANÇON le 18, Anne DUGAS le 24, etc...) (IMG:style_emoticons/default/sleep.gif)

Citation (ccanivet @ 23/09/2016 à 17:12) *
A noter que le recensement de 1785 ne compte plus qu'une quinzaine d'acadiens à Boulogne
Certains ont quitté Boulogne, comme François AUCOIN, fils d'Alexis et d'Anne Marie BOURG tous deux décédés à Boulogne (en 1759 et 1766), qui, veuf d'Elisabeth BLANCHARD décédée à Boulogne en 1760, se remarie en 1771 avec une autre acadienne, Marguerite GIROUARD, à La Rochelle d'où était parti son grand-père Martin AUCOIN 100 ans plus tôt.
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xbulot
posté 31/03/2018 à 14:09
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Citation
{Certains ont quitté Boulogne, comme François AUCOIN, fils d'Alexis et d'Anne Marie BOURG tous deux décédés à Boulogne (en 1759 et 1766), qui, veuf d'Elisabeth BLANCHARD décédée à Boulogne en 1760, se remarie en 1771 avec une autre acadienne, Marguerite GIROUARD, à La Rochelle d'où était parti son grand-père Martin AUCOIN 100 ans plus tôt.]


Par contre son fils Firmin AUCOIN arrivé tout jeune à Boulogne puisqu né vers 1757 s'y est établi, marié avec une boulonnaise Geneviève Marie Louise DUCHENNE. Il fit souche puiqu'au moins deux enfants sont nés à Boulogne. Capitaine de navire, il eut sous son commandement plusieurs navires corsaires dont '"L'escamoteur" et le "Poisson Volabt" en 1798 et 99. Plus tard il obtint son brevet de capitaine au long cours. Son beau-frère Jean Pierre Antoine DUCHENNE fut également capitaine corsaire.
Xav.B.
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