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> aaa - terminaisons en -zeele, -ghem...
dlarchet
posté 05/11/2006 à 11:04
Message #1


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QUESTION : J.Yves VANDAMME 06/07/2001 18:05
Cela n'a pas grand chose à voir avec la généalogie au sens strict du terme, mais j'aimerai savoir pourquoi nombre de villages et paroisses ont des noms avec des terminaisons en -zeele ou -ghem dans la région.
Herzeele, Lederzeele, Winnezeele, Zermezeele, etc... ou Hondeghem, Eringhem, Ledringhem, Teteghem, etc...


? ROUSSEL 06/07/2001 16:52
j'avais relevé ce texte dans un vieux livre d'histoire des années 1890, qui donne un historique rapide sur la création des noms de villes et villages. (hem/ham, voir village chez les Francs-Saliens)

1) Epoque pré-gauloise
Narbonne (Narbo), Toulouse (Tolosa) tiennent leur nom des LIGURES, ancêtres des Gaulois. Nice, qui semble si moderne, s'est la vieille "Nikaïa" des Grecs. Marseille est l'héritière de "Massalia", le grand port grec des côtes occidentales de la Méditerranée.

2) Epoque gauloise
Les Gaulois vivaient dans les forêts que peu à peu ils défrichèrent.
La clairière - le "iaslos" en celte - était donc le centre des premiers domaines: Argentoïalos (la clairière de l'argent) est devenu Argenteuil. Vernoïalos (la clairière des aulnes) est devenu Verneuil.

Le "Dunos" qui était la forteresse gauloise, a fourni de nombreux noms: Lucodunos (citadelle brillante) devint Lugdunum romaine, puis Lyon. Verdunos devint Verdun. Castellodunum devint Chateaudun.

Le "magos" gaulois était le marché, le centre vital: Catumagos (Caen), Noviomagos, le nouveau marché a donné naissance à de nombreux noms: Nouvion, Nogent, Noyon, Noyelles.

3) Epoque Romaine
Arrivent les Romains. De leurs "castrum" dérivent Chartres, Châtres, Castres. L'empereur Aurélien a donné son nom à Orléans (Aurelianum), l'empereur Constance à Coutances.

4) Epoque Gallo-romaine
Au troisième siècle de notre ère, un phénomène important se produisit, le nom de la peuplade servit à désigner la petite capitale de celle-ci, éliminant l'ancien nom de la ville: Lutèce devint Paris, la capitale des Parisiens.
Poitiers (Pictavis) est le chef-lieu des Pictaviens. Arras (Atrebatis) est le chef-lieu des Atrébates.

Par contre, les villes comme Burdegale (Bordeaux), Rotomagus (Rouen) gardèrent leur antique dénomination.

5) Les Francs et les invasions Barbares Les invasions germaines, sazzarines, normandes, eurent pour conséquense la décadence des villes et le développement des centres ruraux. Aussi maint villages actuels, voire quelques-unes de nos villes, ont-ils
comme noyau un domaine de l'époque franque.
Souvent dans le nom du village, apparait le nom du lointain fondateur du domaine.

La cour de la ferme franque était la "curtis". Peu à peu, le mot servi à désigner les bâtiments qui entouraient la cour, puis le domaine lui-même, lequel portait habituellement le nom du propriétaire. Que de villages finissent ou commencent en "court":
Aboncourt (le village d'Abbon), Herbécourt, Cortébert, Corribert (le village d'Héribert) Cortambert (le village
d'Ansbert), Courtfavon.

Le plus souvent, le domaine était désigné sous le nom de "villa". Ce mot se transforma en "ville" ou "villare".
Dans la Beauce, défrichée à l'époque franque, presque tous les villages ont une terminaison en "ville":
Martinville - le village de Martin, Francourville - le village des Francs, Aubervilliers - le village d'Aubert,Villaferry - le village de Frédéric, Villemonble, Romainville, Rogéville.

Parfois c'est le mont, le val, le pont qui s'allie au nom du propriétaire: Géraumont (Gérard), Herbeuval, Héripont (Héribert).

Le mot "vic" désignait le bourg: Neuvic, Vieuvicq, Lonwy, Vivonne.

Les barbares innombrables qui envahirent la France laissèrent des traces dans les noms de nos villages et de nos provinces. les Alamans (Almenèches, Auménaucourt), les Burgondes (Bourgogne), les Goths (Gourville), les Saxons (Sissone), les Vandales (Gandalou), les Maures (Mortagne), les Basques (Gascogne).

Chez les Francs, le domaine était le "fara" qui a donné naissance aux nombreux "Fère" de l'Ile de France: La Fère, Fère-Champenoise.

Chez les Francs-Saliens, le "ham" était le village: Ham, Hem, Han, Lozinghem, Ham en Artois.

Le "lar", la lande, transformée en "lers", a donné: Lers, Flers, Roulers, Canlers, Boufflers.

Le "bak" ou ruisseau est devenu: Morbecques, Robecq, Rossbach, Roubaix.

Quand les Normands s'installèrent dans la riche province française que leur donna Charles-le-Simple, ils y implentèrent les racines de leur langue nordique. Nombreuses sont les assonances normandes de chaque côté de la Seine Inférieure:

De ruisseau (bec): Robec (ruisseau rouge), Houlbec (ruisseau profond).

De cabane (budh, altéré en "beuf"): Cricquebeuf (Cabane de l'église), Quillebeuf (Cabane de la source).

De golfe, baie (flodh, altéré en "fleur"): Barfleur, Honfleur.

De masure (tot): Ecquetot (maison du chêne), Yvetot (maison d'Yves).

L'époque franque fut aussi l'époque des monastères, des mountiers, des "cella" comme on disait alors.
Nombreux sont nos villages qui s'appellent Celles, Montereau, Noirmoutier, Romainmo-tiers.

Les basiliques de l'Ouest sont les mères de Bazeilles, Bazoches.

Le "dom" était le saint protecteur. Le culte des saints en France, commença avec Saint-Pierre, Saint-Martin, Sainte-Marie, Saint-Rémy Il y a aussi d'innombrables Dampierre, Dompierre, Dammartin, Dannemarie, Domrémy.


Avant le cinquième siècle, aucun romain ne se serait avisé de prendre un nom barbare. Au VI ième siècle, un quart des noms laics, un dixième des noms ecclésiastiques sont d'origine germanique. Au huitième siècle, hommes et femmes, quelque soit leur condition, portent des noms germaniques et ne cesseront de les porter au cours des siècles.

Les patronymes qui ne sont pas liés à des sobriquets (Legrand, Leroux, Roussel), métiers (Lefebvre, Tisserand, Boulanger), localités (Darras, Demarles, Damiens, Deparis, Dalsace), sont surement d'origine germaniques: Bernard (Bern-hard : ours fort); Richard (Rih-hard : puissant, hardi); Albert (Adalbercht : noble, brillant); Raoul (Rod-vulf : loup de gloire); Gertrude (Gaire-trudis: sûreté de javelot); Louis (Chlodo-wech, Hlodovicus : combat de gloire).


6) Epoque féodale
Au onzième siècle, les châteaux forts se multiplient, noyaux d'agglomérations. Souvent le nom du fondateur ou du possesseur, ou encore un épithète suit un nom commun caractéristique: Rochefort, Châteauneuf, Neufchâteau, Neufchâtel, la Roche-Guyon, Châtellerault (contruit par Airaud), Châteauroux (de Raoul), Montfori, Montdidier, Isle-Adam, Lille (L'Isle), Grammont (Grand Mont) le Catelet, La Ferté (de forteresse, commun en France).

Des localités avaient de beaux panoramas: Mirabeau, Miribel, Miremont.

Des particularités de situation ou de site ont créé des noms: Laval, Bonneval, Froidefontaine, Entrevaux, Pont-Audemer, Fontfroide.

7) Nouvelles villes de la fin du Moyen-Age
Au treizième siècle, des nouvelles villes sont créées: Villefranche-de-Rouergue (1232), Lauraguais (1270), Villeréal (Ville Royale), La Bastide-Clairence, La Bastide-Villefranche.

Certaines nouvelles villes prennent des noms d'anciennes villes célèbres: Grenade (1290), Plaisance.

Souvent les nouvelles villes adoptent le nom d'un saint: Saint-Germain-en-Laye (1124), Saint Cloud (1222),Saint Malo, Saint Denis, Saint Flour, sans compter les Saint-Martin.

La piété des âges de foi se retrouve dans les composés d'"oratoire" ou d'"oroir" qu'au midi on appelait "Oradour": Oradour sur Glane, Ouzouer, le village des Autels, la ville de Villedieu, le Mont-Dieu, la Chaise-Dieu, Dieulefit, La Charité.

Dans le pays où se parlait une autre langue, on rencontre des vieux vocables: Dunkerque - en flamand, l'église des dunes; Strasbourg - en allemand, le bourg de la route.

Dans l'ouest de la France, nombres de domaines se terminent en "aie" ou "ière". Ces terminaisons viennent du XIII ième siècle, et souvent apparaissent avec le nom du propriétaire: La Herbaudière, La Ménardière, La Hunaudaie.



Yves Van DAMME 06/07/2001 18:57
les noms qui se terminent sur ghem : vient de heem, heim : veut dire : lieu ou habite ... p..ex. markegem : la ou habite mark

Jean COUROUBLE 06/07/2001 21:58
Donc Mazinghem veut dire "lieu où vivait Mazin".
Il y a aussi un Mazingarbe ... le "arbe" avait-il aussi une signification de lieu ? Pure curiosité; et qui était ce "Mazin" ?


Pierre H ROUSSEL 07/07/2001 03:22
Les villages en "inghem" (ingham en Angleterre) representent la forme Saxonne/Germanique de "Village des Fils de "

ING = Fils de, descendants de
HEM = Village

MAZINGHEM - MAZ + ING + HEM = Le village des fils de Maz
LOZINGHEM - LOZ + ING + HEM = Le village des fils de Loz
BUCKINGHAM - Village des fils de Buck

Dans le Nord/Artois, la terminaison "BECQUE" représente le ruisseau
Morbecque = ruisseau du Marais
Robecq = Ruisseau rouge

ECQUES, le village (je crois),
comme dans Ecq en Pugnoy (Lapugnoy), Ecquedecques

Beaucoup de noms viennent des clarières (ESSARTS) taillées dans les forêts: Essars, Issart, Sartel. Chocques
signifie les "souches d'arbres".

Toutes formes de AUCHY, AUCHEL, CAUCHY, CAUCHIETTE viennent de CALCIA, qui était le terme latin
pour CHAUSSEE ROMAINE qui s'étendait de Rome à Calais.


Pierre LECOUFFE 07/07/2001 20:51
......que donnez vous comme explications pour les terminaisons
en "ausques" : Nordausques, Zudausques
en "ques" Tilques, Serques, Wisques,
Le final "ques" a-t-il un rapport avec les régions de marais??


Pierre H ROUSSEL 07/07/21:41
D'après le dictionaire Amboise des Villes du Nord & PdC,
zeele = selis = Salle, Maison
Zemerzeele = Maison de Zeme
Winnezeele = Maison de Winno (1119 Winningasela)

Nordausques = 11e siècle Elceka, du nom d'homme ALCIUS, en 1454: Nortausque de NORD et ALCIUS
Zutdausques = en 648, Alciaco, du nom d'homme ALCIUS, en 1331: Zutausque de SUD et ALCIUS

Wisques = en 648: Wiciacus, de Wico nom d'homme
Serques = en 1129, Segeka, de Sigric nom d'homme
Tilques = en 1144, Tileke, de Tilius nom d'homme

>Le final "ques" a-t-il un rapport avec les régions de marais??
MOR est la racine latine pour Marais, comme dans Morbecque (Mor=marais becque=ruisseau)
BROUCK est la racine flamande pour marécage comme dans Hazebrouck (Hase=lièvre Brouck=marécage)



Didier PORTOIS 09/07/2001 23:56
Même question pour MAZINGHIEN , y a-t-il un rapport en Heim et Hien?

Pierre H. ROUSSEL 10/7/2001 06:12
Source:
Dictionaire Amboise 59-62 Novembre 1996,
Editions Amboise, La Gabre, 06690 Tourrette Levens

Mazinghem et Mazinghien ont la même origine
Mazo = nom d'homme, ing = fils de, Hem/Heim = village
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